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plongez à travers les yeux d'un jeune parti à l'autre bout du monde, en quête de se découvrir afin de comprendre le monde qui l'entourait.

Ces écrits proviennent tous du carnet de voyage 2019, alimenté tous les jours, durant 3 années.

péripéties, Rencontres, philosophies, déceptions...

vivez chacune des émotions à travers ce premier chapitre :

Nouvelle-Zélande

Encore bravo, vous êtes le noyau de cette communauté.

prends place dans ton fauteuil, sers toi un bon chocolat chaud et voyage en Nouvelle-Zélande, découvrir le début de ce long périple, grâce à la fameuse carte à collectionner Blue.

Maintenant place à la lecture et découvrons ce qu'était le fil rouge de ma vie : Kaizer.

C'est quoi Kaizer ?

Nous sommes en 2012. J’ai 15 ans, je suis au lycée, et mon plus grand rêve est de créer un jeu vidéo capable de rassembler les gens et de faire naître des amitiés autour d’un même divertissement

Mon jeu mobile s’appelait Kaizer. C’était un brawl en 3 contre 3 sur smartphone, avec un concept simple : récupérer 10 pierres magiques avec son équipe et les garder au moins dix secondes, le tout dans un univers futuriste, sur une planète venue d’une autre galaxie.

En 2017, le groupe SuperCell aura visiblement eu la même idée avec BrawlStars. Le jeu a généré un chiffre d'affaire record en 1 mois de 64 millions de dollars.

Dommage, je suis passé à ça de signer un contrat Vacances en CDI.

Chaque personnage avait ses caractéristiques, ses pouvoirs, ses résistances et faiblesses.

À la différence de Brawl Stars, le jeu devait être relié à une boutique en ligne où l’on pouvait acheter des sneakers — oui, les chaussures, pas le chocolat.

Si le client achetait une paire de chaussure sur ce site Internet, il recevait la version physique chez lui, et lorsqu'il ouvrait la boîte, il pouvait y découvrir un code secret.

Un code secret, saisi dans le jeu, qui permettait de débloquer la version digitale de la sneaker : un skin exclusif pour le personnage, reprenant exactement les même couleurs.

De quoi lier le monde du digital avec celui du physique.

L'idée était vraiment bien selon moi, et visiblement Nike a dû pensé exactement la même chose puisqu'en 2021, elle racheta les parts d'RTFKT, une entreprise spécialisée dans ce concept de fusion entre le physique et le digital. Les chiffres de ce rachat sont encore inconnus, mais on l'estime à plus ou moins 1 milliard.

Décidément, nous ne sommes vraiment pas passé loin de ce CDI Vacances.

Mon second rêve était de partir en Nouvelle-Zélande élever des chèvres.

0 transition.

La Préparation

À 21 ans, nous sommes en 2019, et je termine ma dernière année d’étude en Commerce International, Marketing & Web Management. J'étais en alternant dans une société de stationnement, à côté de l’Aéroport de Bordeaux-Mérignac.

Ouai, on peut dire que c'était clairement pas le rêve, mais au moins avec ça, mes études étaient payés, les sous mis de côté et la daronne protégé. (non)

Le principe de gagner sa vie en disposant des véhicules dans une certaine orientation, sur un terrain avec des petits cailloux blancs (qui salissaient l'intérieur de 100% des voitures clientèles), m'a toujours fasciné. Et en même temps, pas vraiment.

Mon patron, complètement accro à la coke, se levait tous les matins en se disant que sa journée allait être splendide car son alternant lui avait fait générer de l'argent durant son sommeil, grâce à une campagne Adwords (pub Google) qu'il avait effectué par ses propres soins.

Aujourd'hui, cet ancien patron est millionnaire, non pas grâce à ses parkings, mais grâce à la vente de ses "Formations Adwords", où il s'inspire majoritairement du carnet que l'alternant a oublié en partant de l'entreprise.

Malheureusement, aux dernières nouvelles, il est toujours accroc à la cocaïne, et est très malheureux car sa femme l'a trompé.

En toute honnêteté, je pense qu'un retour de bâton existe, car après avoir volé 1000€ à son alternant (moi) lors de son départ de l'entreprise, il eu l'extrême générosité de faire un tour de chapeau de toute l'entreprise, pour récolter un total resplendissant de 85€. Et c'est OK.

Avant le départ, on aurait pu dire que j'avais tout ce qu'un jeune adulte rêverais d'avoir. J'avais beaucoup d'amis, je vivais à Bordeaux chez ma mère (S/O la daronne), je coffrais un maximum de dinero, j'avais une chérie dont j’étais très amoureux et c’était réciproque (je crois).

Le problème avec cette relation qui aura quand même duré 3 année (je me suis surpassé), c'est que nous savions déjà à l’époque qu’il y avait une deadline à cet Amour :

Lorsque je termine mes études, je réaliserai mon rêve, c'est-à dire prendre un aller simple pour la Nouvelle-Zélande, m'acheter un van et partir élever des chèvres au milieu des montagnes maoris pendant 2 années et SEUL (sans toi bb dsl).

Alors vous me demanderez sûrement pourquoi des chèvres ?

Et bien je n’en ai aucune putain d'idée.

Pour que vous compreniez le mood amoureux avant de partir, étant donné que notre relation avait une date de péremption comme une bombe à retardement psychologique, cet amour qui avait été si pur auparavant, se laissa mourir à petit feu.

Il n’y avait plus d’effort d’un côté comme de l’autre, j’avais déjà la tête ailleurs 1 auparavant lorsque j'avais pris mes billets, elle aussi. Je me projetais et je n’avais qu’une seule envie : celle de partir le plus rapidement possible.

Ça allait de soi, qu'à partir du moment où je mettais un premier pied dans l'avion, notre Nous s'arrêtera immédiatement par la même occasion.

Du côté de mes potes, c’était pas la folie non plus. Leur présence ne me suffisait plus et j’avais énormément de mal à rencontrer de nouvelles personnes lorsqu'ils étaient là.

Nous étions dans notre époque très taquine, où le regard des gens est important à nos yeux, à l’instar de notre place dans le groupe. Et globalement, quand on se retrouve c’est pour faire la même chose, c'est-à-dire boire des bières en terrasse et se faire remarquer.

Je sentais que ma vision de ce que je voulais pour ma vie commençait de plus en plus à diverger de la leur. Si bien qu’un soir, excédé par ces enfantillages et ne partageant plus leurs folies, je craque. Je m’enferma dans les toilettes du bar, à l'abri des regards, et j'ai pleuré tout ce que j'avais.

Pourtant, c’était avec eux que j’ai grandi, et c'est en partie grâce à eux que je suis la personne que je suis aujourd’hui.

Aujourd'hui, je les remercie de m'avoir apporté cet auto-dérision et de ne jamais se prendre au sérieux. Mais j’avais très mal vécu le fait de voir que je ne me reconnaissais plus en eux.

Cette période là de ma vie est ce qu’on appelle : Ma 1er dépression.

Le mec est beaucoup trop fun à lire, stoppez-le !

"Je vous arrête pour excès de fun !" 😎 lol

Pour ce qui est de la famille, en toute honnêteté, c'est ce que je gérais le mieux. Je ne m'étais jamais senti très proche d’eux à l'époque. Je ne me reconnaissais dans un aucun membre de ma famille et je les trouvais super déprimant. (encore du fun)

Ma mère organisait d’innombrables repas pour fêter mon départ, où bien souvent tout le monde pleuraient. J'avais plus l’impression d’être à mon propre enterrement qu’autre chose.

Le seul truc qui m’emmerdait avec le point familiale, c’était de laisser ma sœur, enfin ma demi-sœur, avec qui on est très proche, qui avait 12 ans tarh l’époque. C'’est en partie grâce à elle que j’ai pris le courage de faire des vidéos sur Internet. C’est aussi elle qui a fait le dessin sur mon bouquin. Une œuvre d’art dont la ressemblance avec mon visage est proche de 0%.

PHOTO BOUQUIN (en cours de chargement...)


Les billets pris depuis 6 mois, mon sac à dos est prêt, mon cœur brisé, nous sommes le 3 Octobre 2019 et je m’apprête à prendre pour la 1er fois seul l’avion hors de l’Europe.

Au revoir tout ce que j’ai pu connaître. Très sympa, mais une nouvelle aventure commence pour moi, celle de décrypter les entrailles de mon âme.

Je pars à l'autre bout du monde avec ces 3 objectifs en tête :

  • Découvrir qui je suis réellement.

  • Trouver un développeur de jeu-vidéo qui partagerait mes valeurs, à qui je pourrais confier Kaizer.

  • Apprendre sur les religions, les différentes spiritualités, et notamment … en savoir davantage sur les esprits et les animaux Totems ( je suis un fou du bus).

Plein de croyances farfelues se trouvent dans ma tête et c’est l’occasion pour moi de vérifier s’il y a, bel et bien, des personnes aussi folles que moi, pour en avoir déjà au moins entendu parlé.

Pour me confier, lorsque j'ai ouï dire pour la première fois à propos des Animaux Totems, un chaman m'a affirmé que j’étais ... une Baleine.

Moi et on 1,70m avons soufflé.

De même, il faut savoir que je suis extrêmement peu à l'aise dans l'eau.

chapitre 1 : Le Départ

Dans l’avion pour Francfort, je découvre les petits mots que mes amis m’ont laissés dans mon carnet de voyage. Une larme coula le long de mon visage lors du décollage me rappellera tout ce que je m'apprêtais à laisser derrière moi.

Plus rien ne sera pareil lors de mon retour. Mon jeu-vidéo sera sur le point d'être lancé, mes relations ne seront plus les même, ma vision de la vie différente, et encore plus de ce que je serais, j'en ai la certitude. Ces 21 premières années qui ont modelés ma personnalité, remplies ma tête et mon cœur de souvenirs s'apprêtent à devenir obsolètes et laisseront place à de nouveaux dans très exactement 27 heures.

27 heures pour me séparer de mon ancienne vie.

J'avais une escale pour Singapour où l'on pouvait retrouver des papillons ainsi qu'une cascade au sein de l'aéroport (!), parce que pourquoi pas.

Au bout de cette journée de voyage, le dos bien fracassé, j'arrivais enfin à Auckland, capitale économique de la Nouvelle-Zélande.

Mes pieds fraîchement posés sur le sol néo-zélandais, je remerciais les 2 jeunes allemandes que j’avais rencontrées , qui partaient voir leur famille d’hôte. C'était leur cadeau des parents pour fêter la Toussaint. Visiblement, on a pas tous les même parents, et je ne savais même pas que l'on devait s'offrir des cadeaux à la Toussaint (je ne sais pas à quoi correspond cette fête).

Une voiture passe les chercher, et puis je me retrouve là tout seul, comme un con, ce qui était le plan initial mais ce n'est uniquement qu'à partir de ce moment là que je réalise enfin. Et en vrai, ça m'a fait du bien. Un sentiment de liberté m'envahissait et je me permettais même une petite danse de la joie dans le bus qui me menait vers le centre ville. En mode foufifou, pas vrai la team ? 😜

Après 40 minutes de trajet, j’arrivais enfin dans la ville Business du pays maori. Il y faisait gris, il y avait de grandes tours, mais surtout ce qui me revenait en tête, c’est que je n’avais pas d’endroits où dormir.

Si vous me pensiez être quelqu’un d’organisé, c'est loupé. Réserver mon VISA était déjà un grand pas dans le monde administratif des adultes, il ne fallait pas m'en demander trop non plus. Je vis dans le danger moi ! (je vis très peu dans le danger)

Et comme je l'avais bien mérité, et bien évidemment, tout était complet.

Vous pouvez penser que mon aventure démarre très mal, moi je pense qu'elle commence sur les chapeaux de roue ! C'est EXACTEMENT ce genre de situation que je souhaitais, qui me donnait une sensation d'être VIVANT. Il n'y a que dans la difficulté où je me sens vraiment vivre, et c'est globalement ce que j'ai retenu de ces 3 années de voyage.

Marchant au gré de mon intuition dans ces rues et ces paysages qui étaient totalement nouveaux pour moi, je tombe sur 2 femmes, un peu plus vieilles que moi, gros sacs sur le dos, mollets saillants et qui avaient l'air de bien galérer dans la montée de cette rue (tout était très vallonné).

J'y vois une opportunité d'aller me faire des amies et je les ai approché en les charriant, du fait que la couleur de leurs visages indiquait que l'on devait s'arrêtait pour laisser passer les piétons.

Elles se sont marrés et m’apprennent qu'elles sont françaises elles aussi. Des bretonnes ! Ravis de l'entendre, je leur ai dis que j'adorais les crêpes (j'avais apparemment gardé mon humour bordelais au fond de moi). Elles avaient l'air assez fatigué comme ça et je n'avais pas spécialement besoin d'en rajouter.

Je vous passe les détails de la conversation, mais elles finissent par me donner un papier IMPRIMÉ avec TOUTES les auberges de jeunesse où il pouvait potentiellement rester quelques places de libre.

C'est le cul bordé de nouilles qu'on dit "Bienvenue" chez les maoris je suppose. Je prenais le papier avec plaisir, les remerciais et en partant elles m'indiquèrent l'endroit où elles ont créché la nuit dernière.

Cette auberge de jeunesse s’appellait Friendz & Family, accueil chaleureux, un petit havre de paix où respire amicalité et bienveillance …. pas du tout.

J’arrive en face de la porte, y a marqué en gros ATTENTION VOLEURS.

De toute façon je n'avais pas vraiment le choix et au moment où je rentrais dans cette immondice, j'ai directement senti une odeur de drogue. Et pas celle que vous pensez.

Si le mot drogue dans sa globalité avait une odeur, ça devait être celle-ci. (à l'époque ça ne m'aurait pas dérangé du tout, mais ce n'était pas ce que je recherchais en partant à l'autre bout du monde.)

Une odeur de cramoisie ayant enfermé 6 junkies sous fentanyl qui ont dû tout transpirés pour une cure de désintox. Ce n'est qu'une image mais ça vous donne une idée olfactive de ce que je reniflais pour ce premier contact avec le monde étranger.

Je me présente, je passe les vérifications de l’accueil, ils me confirment qu'ils ont bel et bien de la place (ouf, merci la Bretagne), et je paie ma chambre beaucoup trop chère pour la daube que c’était. (l'équivalent de 34€)

La fenêtre ne fermait même pas (on était en fin de période hivernale), et ça n’avait l’air de déranger visiblement personne. Mais pas le temps de râler, la situation me faisait plus rire qu’autre chose, je posa mes sacs et parti chercher une carte SIM. Car en réalité, dormir dehors ne me faisait pas peur, mais voyager sans Internet me terrifiait. Aventurier mais pas sans Google Maps quand même.

Cela doit faire 10 ans que je ne me suis pas servi d'une carte (aïe l'expression "ça fait 10 ans" vient d'arriver dans mon vocabulaire). Après, j’avais une boussole mais je ne savais pas m’en servir. Il y avait un fil étrange de couleur rouge et je ne savais quoi en faire. Il devait forcément y avoir une utilité à disposer ce fil dans un sens ou dans un autre, mais selon moi, c'était une perte de temps étant donné que les satellites de Google sont quand même vachement plus efficace qu'une corde.

À l'heure actuelle, ce fil est toujours un mystère pour moi et je ne sais toujours pas me servir d'une boussole

Une fois mon Internet activé, je sorti de la boutique SPARK (notre SFR néo-zélandais à nous), pour aller juste en face, dans un magasin de sneakers.

Dedans, il y avait un DJ qui mixait (?), je commençais à m’ambiancer petit à petit sur de la house mi-ZARA, mi-tek, sourire aux lèvres. Les personnes aux alentours avaient l'air sympathiques, dans l'ambiance, puis je me retourna et en un instant, en un éclair de génie, je me suis repris mes 27 heures de voyage dans la gueule.

Je tombe face à face avec une amie de Bordeaux, qui était dans mon lycée.


chapitre 2 : La rencontre

Nous sommes le 4 Octobre 2019, Je viens d’arriver à Auckland; et pour mon 1er jour dans ce grand voyage, je tombe nez à nez avec une amie de Bordeaux.

Déboussolée du fait de nous retrouver l'un et l'autre à l'autre bout de la Terre, nous nous faisions de grandes accolades. Nous n'étions pas les amis les plus proches, mais ça fait toujours de plaisir de croiser des tête que l'on connaît dans un tout nouvel environnement. Le hasard a visiblement bien fait les choses.

Très rapidement, elle me dit que je dois absolument rencontrer son colocataire, un français d'à peu près notre âge, venu lui aussi s'expatrier à l'autre bout du monde

Elle m’amena chez elle, non loin d’ici et je rencontra Tom pour la 1er fois. Un parisien, casquette à l’envers, fuyant ses problèmes, qui partage la même passion pour les sneakers que moi et surtout, qui est très sympa.

Tom est une des rencontres les plus marquantes de mon voyage en NZ puisque c’est lui qui va me donner l'opportunité de réaliser mon rêve, sans qu’il ne s’en rende compte, et ce, dès le 1er jour.

Pour rappel, je partais en Nouvelle-Zélande dans l’idée d’y rester 2 ans et de travailler dans les montagnes maoris, loin de tout et accompagnés de chèvres.

Au cours de la conversation, et accompagné d’un pétard, il m’annonce qu’il repart le lendemain dans le Nord de l’île du Nord, à KeriKeri et plus précisément sur une petite péninsule, là où il n’y a pas beaucoup de tourisme.

Là bas, il travaille à Carrington, une sorte de Ressort 5* racheté par des chinois (je précise car ça va avoir son importance dans la suite de l’histoire), et il me dit qu'en gros, il fait ce qu’il veut là bas. Si un jour il veut travailler dans le restaurant ou la winerie, il peut. Si le lendemain il veut être jardinier ou bien s’occuper des lodges, il peut aussi. Il m’annonce qu’il peut même être prof de golf pour les rares riches touristes qui s’aventuraient là bas. Alors moi j’ai jamais fait de golf, mais l’idée de faire cette profession sans s’y connaître, ça m'a quand quand même bien fait marrer. Et enfin, mesdames et messieurs, je vous le donne en 1000, il peut aussi s’occuper des animaux du complexe hôtelier où il y a des chevaux, des vaches, des moutons et … des chèvres !

Un mix and twist entre campagne et luxe. Original, mais ça me donne quand même bien envie de faire part de l'aventure.

Nous continuions à nous esclaffer de son quotidien, de notre retrouvaille avec mon amie, qui finit par me demander ce que je fais ici.

J'explique mon projet, le jeu-vidéo, trouver des réponses, les chèvres ... et c'est alors, comme si les étoiles étaient avec moi, sans rien demander, il me propose de venir travailler avec lui.

A ce moment-là, je n'ai pas pleuré, mais je sentais les larmes monter. J’avais envie d’imploser, de tout casser autours de moi, d'excitation que cela me procurait. Je restais donc stoïque car il n’aurait pas compris ce que je pouvais ressentir.

C’était un mélange étrange d’accomplissement, de reconnaissance envers quiconque dans le ciel et surtout envers cet homme que je venais tout juste de rencontrer 15 minutes auparavant, le tout dès le jour même de mon arrivée.

Je remercia Tom, et bien évidemment j’accepta, avec toujours cette même envie de tout casser autours de moi.

Par la suite, je me fis un peu plus silencieux dans la suite de la conversation qu’il a avec mon amie, car j’avais besoin d’être avec mes pensées, de réaliser ce qui était en train de m'arriver et surtout parce que je n’avais pas envie de montrer que j'étais complètement défoncé.

Je me permets de vous préciser cet état là, je vais vous en parler un peu plus, car il va revenir très souvent dans ce voyage et qu’il a fait partie de mes nombreuses angoisses durant ce périple.

chapitre Hors- série : la weirs

La Weirs, comme je l’appelle, c'est cet état de paranoïa que je subissais lorsque je fumais un joint. J’ai été un fumeur régulier, mais toujours avec une consommation raisonnable (1/jour), et cet état devenait de plus en plus régulier, et prenait bien trop souvent le dessus depuis quelque temps lorsque j'étais en compagnie de Marie Jeanne.

Le problème, c'est que j'aimais tellement cette activité passive, que j’avais du mal à m’en défaire. Mes yeux se gorgeaient de sang à la moindre taffe (ça me rendais mal à l’aise car j’avais l’impression que l’on ne voyait que ça sur mon visage), et cela me procurait des situations de gêne extrême car j’avais l’impression de m’exprimer n’importe comment. De perdre toute l’extravagance et la confiance que je pouvais avoir en temps normal, de ne pas aller au bout de mes phrases, lorsque j’arrivais à sortir des sons de ma bouche.

Le cerveau en ébullition à douter de toutes mes paroles, du moindres faits et gestes que je pouvais effectuer, je pouvais me refermer très rapidement sans que la personne en face de moi ne comprenne réellement ce que j'étais en train de vivre. En réalité, elle en avait peut être rien à foutre, et ça l'était dans 95% des cas, mais c'était comme si j’avais l’impression d’être constamment jugé et que je devais garder la face. Le lâché prise se faisait de plus en plus rare, et ce qui est bien dommage quand c'est l'utilité première du produit.

C’est pour cette même raison que j’ai toujours préféré fumer seul et que j’évitais d’être en compagnie de gens que je ne connassais pas trop quand l'envie me prenait.

Pour autant, je reste persuadé que ça m’a beaucoup aidé à traverser certains épreuves par le passé. À me poser les bonnes questions, et à toucher du doigt précisément ce qui pouvait me tracasser. Amis, famille, amour, ou ambitions professionnelles, tous ces sujets avec des questions pertinentes étaient trouvés et répondues avec tant de facilité. Tant que j’avais un bon film en face de moi et une tige entre les doigts, l'Univers n'avait qu'à bien ce tenir car j'allais y décrypter chacune de ses inconnues.

Ce lâcher prise, dont j’avais tant besoin, était mon moment le plus apprécié de la journée. Je savais que j’allais me réfugier dans mes pensées et en découvrir davantage sur moi-même. C'était l'objectif principal. Ouvrir des portes dont on n’a même pas conscience, et comme si mon esprit s’élevait afin d’y trouver ce qu’il recherchait dans la Bibliothèque de l’Univers. La compréhension de mon âme était liée à celle de mon cerveau, il fallait donc que j'en explore chaque recoin, que cela me fasse du bien ou non.

Alors oui je pars peut-être un peu loin pour parler d’un simple "bédodo", mais c’est comme ça que je percevais ce rituel, qui était devenu quotidien, et ma seule façon de "prendre soin de moi".

Je ne ferais jamais l’apologie de tout ça, vous l’aurez compris, mais parler à cœur ouvert, c’est aussi aborder ce type de sujet-là, qui peuvent aider certaines personnes ou bien briser des carrières. Et la réalité de comment je l’ai vécu est telle quelle.

Je pense que c’est important de parler de cette Weirs car en réalité, je n’aurais jamais été capable de prendre la parole sur Internet si j’avais toujours ce brouillard dans ma tête. J’aurais eu l’impression d’être passé à côté de quelque chose dans ma vie, et ça aurait été pour moi le plus grand échec de ne pas exploiter pleinement ce savoir être.

En vrai de vrai, vous voulez savoir ce qui m’a fait le déclic d’arrêter ?

Koba La D.

Je vous jure ! J’ai regardé son interview Clique avec Mouloud et j’ai littéralement pété mon crâne quand il racontait que lui même pétait un plomb avec ça.

Pour que Koba arrête la fume, c’est qu'il n'y a pas que du bon dedans !

Bref, fin de cette appartée explicative et éducative, maintenant, revenons-en à nos moutons, si vous voyez cque jveux dire.

chapitre 3 : Auckland

Je suis donc là, avec Tom et ma pote à côté, chez eux, dans ma Weirs la plus totale, et je comprends que je suis face à ce que j’attendais depuis toujours.

Quelle chance de l’avoir rencontré aujourd’hui et d’être miraculeusement tombé au bon endroit, au bon moment.

Comment cela se faisait-il que cela arrive si rapidement et si facilement ? Était-ce le cas pour tout le monde ? Ai-je rééllement mérité cette récompense ? Est-ce que quelqu’un attendait quelque chose de moi ? Je n'en savais rien, et pourtant ces même questions que je me posais vont me suivre pendant ces 3 années de voyages.

Fatigué de ce long périple, je décidais de partir me reposer à l’auberge, où il y faisait moins 1000 degrés et où je n'étais pas à l'abri de rencontrer un clodo dans mon lit.

Le soir même, j'étais attendu dans un bar, rejoindre les loustics, pour célébrer le départ de Tom vers le Nord.

La soirée terminée, nous repartons fumer un pétard chez eux, puis je me congédi en remerciant Tom, une nouvelle fois, en lui donnant rendez-vous dans 5 jours à Kerikeri pour cette nouvelle aventure que je m'apprêtais à vivre.

Je rentra à pieds, en passant par des parcs sombre, sans éclairage, dans la nuit la plus totale, où j’aurais pu me faire égorger une quinzaine de fois sans que personne ne s’en rende compte, mais je me sentais en safe place ici. En France, je n'aurais jamais osé faire ça. À vrai dire, ça ne me serais même pas venu à l'esprit de m'aventurer dans des coins aussi sombre.

Aucun malheur ne pouvait m'arriver ici, j'en avais la certitude, des étoiles plein les yeux, avec The Kinks dans les oreilles, et des rêves pleins la tête concernant Kaizer.

Le lendemain, après une courte nuit de 5h car frigorifié, je rengea mes affaires, dit au revoir à cette auberge de chiasse, puis partais à la recherche d’un van à louer en attendant de partir vers le Nord. Plein d’espoir un dimanche matin, pour partir dans la même journée.

Oui oui Corentin, il y a des limites à l'optimisme, mais pourquoi pas me diriez-vous.

En fait, la veille, ma pote m’avait parlé d’un endroit qui avait l’air sympa. Ça s’appellait Rotorua, c’était à 2h30 de voiture d’Auckland, il y avait un immense lac, et tout autours, il y avait des sources d’eaux chaudes.

Le principe de ce lieux était de se créer sa propre source d'eau chaude en creusant dans le sable avec des pelles à disposition.

Peinard.

Ça parait lunaire comme bail, je ne me souviens plus si c'était exactement à Rotorua même, mais apparemment ça existe bel et bien. Et je vous dis “apparemment” car en effet, la location de la voiture un dimanche, c’était nietz.

Alors qu’ai-je fait à la place ? Suis-je parti à la découverte de cette ville que je ne connaissais point ? Ou bien suis-je parti à la rencontre des maoris pour en découvrir d'avantages sur leur culture ? Un musée peut-être ? Une découverte culinaire ?

Absolument pas. Je me suis posé dans un parc et j’ai capturé des Pokémon.

Ah bah attendez. J'étais à côté de l’Australie, l’ancien continent des dinosaures, c’était sûûûûûûr que j’allais trouver des Pokémons tarh les fous !

Eh, pas folle la guêpe !

En attendant, j’ai eu un Groudon PC 2200, et bien je peux vous dire qu’il casse des bouches.

Je suis sûr qu'il y a des gens qui font des tours du monde dans l'unique but de compléter leur Pokédex ! De vrais Dresseur Pokemon. Rendez-vous compte de la zinzinade que c’est ! Je veux rencontrer ces gens, je veux tout savoir de leur vécu et de leurs motivations à le faire. Ça voudrait dire qu'ils prennent des congés payés pour aller capturer la version Miaousse du Guatemala ? Dinguerie.

Qu'est ce qu'ils racontent à la RH ?

Après être devenu un meilleur dresseur, je finis par prendre conscience à 17h, que je devrais peut-être faire un truc de ma vie autre que capturer des Pokémon virtuellement, et décida donc de réserver une nuit dans une auberge (finalement).

J’arrivais donc dans ce nouveau lieu pour pouvoir y poser mes affaires et je rencontra Dario, un allemand de 26 ans, qui partageait ma chambre.

On décida de se donner rendez-vous le soir même pour regarder le match de rugby de la Nouvelle-Zélande (contre la Namibie lors de la Coupe du Monde au Japon. Résultat Final : 71 - 9 pour la NZ).

Il était 18h , et avant de sortir, exténué de cette journée de capture, je m’allongea sur le lit pour m'y reposer.

Je me réveille, il est 2h du mat.

Est-ce que c’est bon pour vous ?

Dario est dans son lit, je me dis que je suis vraiment une énorme merde, mais surtout qu’est ce que je vais bien pouvoir faire jusqu’au lever du jour ?

Mon objectif professionnel étant de faire un jeux vidéo, je me suis dit que ça aurait été une bonne idée de progresser sur Adobe Illustrator pour avoir un premier rendu en 2D des personnages et des maps du jeu.

Mais avant de penser à avoir un rendu de qualité, il va falloir à apprendre à se servir de ce logiciel, totalement nouveau pour moi (sachant que je partais de 0, je n'ai jamais dessiné de ma vie).

En un peu plus de 5h, j'ai créé une part de pizza, une fleur, un phare et ai essayé de reproduire la Sky Tower d’Auckland. C’était catastrophique.

Alors, en plus de ne pas être efficient dans mon apprentissage, je commençais à comprendre que ça allait être légèrement compliqué de transposer sur ordinateur ce que j’avais dans ma tête.

Mais c’était pas pour autant que je me décourageais, c'était les débuts, et c'est avec grande nostalgie que je revois ces oeuvres d'art (lol).

Il est 7h du matin, je reparti me coucher après cette tentative non concluante de faire un dessin ressemblant à quelque chose.


Je vous passe les détails de ce qu’il s’est passé durant les jours suivants car il n’y avait rien de bien intéressant, à part que je me rendis compte que l’Education Nationale se foutait bien de notre gueule car on est vraiment nul à chier en langue comparé au reste de l’Europe.

chapitre 4 : mon paradis sur terre

Nous sommes le matin du 8 Octobre 2019, soit 4 jours après mon arrivée; et c’est le grand moment pour moi de partir en direction du Nord de l’île du Nord, à Keri-Keri, rejoindre Tom pour réaliser mon rêve d'élever des chèvres.

Je me réveilla très tôt dans la matinée, mais aussi très en retard, car je me rendis compte que mon bus devait passer bien plus tôt que ce qui était prévu.

Dans très exactement 11 minutes.

Je suis dans une giga merde.

Le temps de refaire mes 2 sacs de 4 et 12kg, je n'avais maintenant plus que 3 minutes pour faire 1km, rejoindre mon bus.

Mort de rire de ce la situation que j'étais en train d'expérimenter, à savoir la même chose que ce que je faisais à Bordeaux, c'est à dire courir après les bus mais cette fois-ci dans les rues d'Auckland au petit matin, avec des sacs plus gros que moi (on aurait dit une sorte de Titan Colossal. Sans le Titan, ni le Colossal), je réussi in extrémis à prendre le bus du bonheur.

Je suis enfin à la dernière étape avant mon Paradis sur Terre. Quelle chance. 🌏

Me voilà parti pour 5h30 de bus.

Sur le trajet, je croisais des paysages magnifiques dignes du Seigneur des Anneaux, des petites routes longeant des plaines d’escaliers en mousse comme si nous étions dans Jurassic Park, ou encore des palmiers comme dans Voyage Au Centre de la Terre.

Et en bon geek, je dirais que c'est un mélange de plaine Windows 97 et de

jungle tarh les Farcry.

Au bout de 5h de car, la chauffeuse s’arrêta dans une ville qui n'était pas ma destination, me demanda de descendre du bus, et commença à jeter mes bagages sur le sol avant de se barrer à toute vitesse.

Bouche-bée, je me dis qu'il doit sûrement y avoir un truc que je n'ai pas compris.

Les autres passagers se dispersent dans les rues, d'autres continuent à se parler comme si de rien n'était, et moi je reste seul, une cigarette au bec, essayant de comprendre là où j'avais fauté de ma compréhension du trajet.

Sois disant passant, acheter un paquet de tabac à rouler à 30€ était déjà une faute en soi, mais comme disait Damso à cette époque "Fumer tue, Vivre aussi, donc tant qu'à faire autant se ruiner. HEY !"

(je suis un gros looser, ne l'oubliez pas)

Après avoir refait tout le plan du trajet dans ma tête pour être certain que j'avais pris le bon moyen de locomotion (rien n'était trop sûr), un bus finit par passer et un chauffeur commença à prendre mes affaires puis les jeter à son tour, de toutes ses forces, dans la cabine à bagages.

Par chance, ce propriétaire de bus inconnu au bataillon passait par l’endroit où je devais retrouver Tom.

Une demi heure plus tard, je descendis du bus magique, et lorsque je descendis, Tom était là, avec un énorme pétard de bienvenue à la main.

On s’empressa de le fumer sur la plage et c’était probablement le plus bel endroit que j’avais jamais vu de ma vie. Bon en vrai, c’était juste une plage, mais le fait d’être dans un endroit que je ne connaissais pas et du fait que j'étais bien défoncé, et bien ça rendait la chose beaucoup plus belle.

Notre affaire terminée, direction la villa ! Quoi ? Comment ça ? Quelle villa ?

Et bien je ne sais pas par quelle manigance, mais j’ai passé mes 3 premières nuits dans un lodge, dans les hauteurs de Keri Keri, en face de l’océan, dans un environnement mi jungle, mi forêt de Dordogne qui bordait le tout.

Incroyable.

Je crois que Tom avait le droit d’en profiter car il n’y avait pas de clients à ce moment-là, donc autant me faire kiffer pour mon arrivée au Paradis. Il m’a régalé le poto Tom. (Je n’ai aucune nouvelle de lui)

Je suis Roi Carotte, job 5 étoiles, logé dans un endroit magnifique, rien n'aurait été mieux que ce début de voyage.

Nous nous sommes ensuite baladés, accompagné d'un pote maori de Tom et ce dernier. Longeant une plage de sable blanc, puis une partie rocheuse, nous nous retrouvions à taper apéro dans une grotte inaccessible en temps normal du fait qu'il eu fallu terminer le périple les pieds dans l'eau.

Classic shit.

Le soir, nous rentrâmes à la villa, où je m'enivre de marie ganja en écrivant mon épopée, pendant que Tom préparait le repas. Je veux dire, pendant qu’un futur chef cuisto étoilé (c’était son objectif pro et le job principal qu'il occuait à Carrington) nous préparait le repas à base guacamole.

Moi je déteste faire à manger, mais par contre j’adore les futurs cuisto étoilés, donc ça tombe super bien.

On se regardait avec son pote maoris, on était en mode régalade avec nos petits yeux rosés.

On peut dire que c’était une première journée réussie dans cette contrée de Keri Keri, le Nord de l'île du Nord. 🇳🇿


Le lendemain, je me réveillais avec la plus belle des vues.

J’avais collé le canapé, dans lequel je dormais (la villa a ses limites, il n'y avait qu'un seul lit), contre la fenêtre pour ne rien manquer de cette beauté lorsque j’ouvrirais les yeux.

Je pense que c’est un des petits-déjeuners les plus mémorables de ma vie étant donné que je n’en revenais toujours pas de la chatte que j’avais.

Une fois préparé, nous partions en vélo pour rejoindre Carrington, le Ressort 5* où j'allais travailler, pour me présenter à Bell, la gérante chinoise du domaine. J’y ai rencontré Steph, Michelle, Terrence, Grey, tous maoris, ainsi que 2 femmes blanches comme moi (je précise aussi car ça va avoir son importance pour la suite).

Je parti directement en mission nettoyage des chambres avec Michelle, qui m’expliqua, au bout de quelques minutes, qu’un jour elle était parti en prison à Auckland car elle avait sorti un mec de sa BMW, l’avait fracassé, pris l'intégralité de son argent puis était reparti avec la voiture du type comme si de rien n'était. sympa l'ambiance

Je dois sûrement préciser que Michelle est une femme de mon âge, 21 ans, qui fait 1m90, 110kg, et que la proportion de sa cuisse est égale à mon corps entier.

Aucun jugement sur le physique, simplement pour expliquait qu’au vu de ses capacités, ce qu'elle avançait était tout à fait faisable (avec supplément broyage de nuque).

En titre de comparaison, moi c’était tout juste si j’arrive à ouvrir les bocaux de confiture.

Mais alors pourquoi a-t-elle pris le risque de braquer une voiture et de violenter son propriétaire devant l'entièreté des gens passant par là ?

La réponse va vous surprendre, car elle est simple, concise et non équivoque : “EasyMoney baby !”

Et oui, j'y avais pas pensé à celle là.

On a pas tous la même vision du Easy visiblement, parce qu'encore une fois, à titre de comparaison, si je voulais que ce soit "Easy", j’attendais Noël que mamie me donne de l’argent de poche.

Sinon, globalement la mission se passa très bien, je rigolais beaucoup avec elle, j’avais l’impression qu’elle m’aimait bien aussi, même si nous n'étions pas très investi dans le changement des draps et que je restais fasciné par le paysage qu’entourait les lodges.

Michelle ne comprenait pas pourquoi je rêvais de venir ici. Elle trouvait que tout était moche et qu’il n’y avait rien à faire ici.

Dans un sens, je la comprends. Elle ne pouvait pas se rendre compte de la chance qu'elle avait, alors que lorsque l'on grandit en tant qu'adolescent ici, le seul objectif est de se barrer le plus rapidement possible à la ville.

En toute honnêteté, j'aurais sûrement répondu la même chose si j’avais passé mes 20 premières années au même endroit, et ce, malgré le fait d'être dans un environnement merveilleux. L'herbe est toujours plus verte ailleurs.

La communication avec Michelle était franchement compliquée par moment. L’accent maoris te fait ramener en CE2 quand tu commences à apprendre l’anglais, avec un accent encore différent de tout ce qu'on a pu entendre.

Ils ont leur propre jargon, parlent assez vite et ont une sonorité propre à eux. Aussi incompréhensible que les australiens, mais dans leur style propre.

A midi, Tom m’amena un casse-croûte (incroyable), car il savait que je n'aurais pas prévu le coup. Bien vu l’ami.

Puis, dans l’aprèm, je changeais les draps à nouveau, mais cette fois-ci avec les 2 femmes blanches. Elles étaient très gentilles et accueillante avec moi, mais rapidement, je compris qu’il y avait une ambiance particulière dans l’équipe et qu’il y avait une sorte de clivage communautarisme entre les blancs (les colonisateurs) et les maoris.

Le mot racisme serait peut-être un peu trop fort pour être employé, mais clairement, certains maoris se font la guerre avec ces femmes de ménages, et inversement. Les ragots tournaient de parts et d’autres, et tout le monde se confiaient à moi, alors que j'en avais absolument rien à foutre. Ils savaient que j'étais extérieur à tout ça, que je n'étais pas là pour juger qui/quoi que ce soit, et que ce qui m'intéressait, c'était d'élever des chèvres. Quelque part, chacun cherchaient son épaule sur laquelle cracher ses maux.

Je ne sais pas s'il y avait un problème particulier dans cette entreprise, ou bien si c’était le reflet de cette société néo-zélandaise, qui je le rappelle, s’était faite coloniser par les anglais il y a thar l’époque.

l'histoire de la nouvelle-zélande

À la base, la Nouvelle-Zélande, se sont les polynésiens qui l'ont colonisé en premier, vers le 12e siècle, années 1280 et quelques, on sait pas trop, c’est flou et jtrouve ça cool.

Je m'excuse par avance s'il y a quelques erreurs dans ce programme éducatif, mais mes sources ont parfois des propos contradictoires (livres et Internet). Je ne suis ni journaliste, ni écrivain, et encore moins historien. Je ne suis qu'un homme qui s'attèle à différentes activités qui lui permettent de s'exprimer.

Les polynésiens sont arrivés à bord de leurs wakas (ce sont de grandes embarcations traditionnelles et ça n’a absolument rien à avoir avec Shakira); et ils ont appelé ces nouvelles terres : Aotearoa.

Composé de 600 petites îles et de 2 îles principales, celle du Sud et celle du Nord. Le nom de “Nouvelle-Zélande" n'est arrivé qu’en 1642, quand Abel Janszoon Tasman, un explorateur hollandais, a dit que ça s'appellerait comme ça.

Alors ils ont fait comme ça.

Petite histoire qui fait bien dahak, quand Abel Tasman est arrivé au large de ce nouveau continent, les maoris encerclèrent les navires hollandais et firent retentir le bruit de leurs énormes conques (les coquillages qui étaient utilisés comme instrument de musique). Une sorte de corne vuvuzela naturel.

Alors Abel Tasman, ravis d'un tel accueil, se dit “Chouette, trop bien, vasy Gérard, klaxonne toi aussi !”

L’erreur ! Quelle indignité ...

En réalité, Abel vient de signifier involontairement qu’il relève le défi des maoris. La guerre est déclaré.

Ni une ni deux, durant la nuit, un équipage maori monta sur un des bateaux hollandais et assassina 4 hommes durant leur sommeil.

Coup dur pour les jeunes joueurs hollandais.

Le lendemain, les arrivants comprennent finalement qu’ils ont peut-être fait une boulette lorsqu'ils voient Gérard vidé comme une truie, et qu'ils feraient mieux de déguerpir de là.

Sacré quiproquo.

Par la suite, ils nommeront cette île Staten Landt, avant de l’appeler Nieuw-Zeeland.

C’est la fin de l'anecdote amusante. (mdr)

En 1769, donc 127 ans après que Tasman se soit barré comme un gros looser, James Cook, un explorateur britannique, arrive sur cette nouvelle Terre, et se dit :

"- Tiens, ce serait pas mal de cartographier tout ça.

- Bien compris chef, ... et on fait quelques morts au passage ?

- J'adore ce que tu proposes gamin."

Après une légère escarmouche avec les locaux, le britannique réussit donc à cartographier le pays en 10 petites années. Le temps qu'il me faut pour percer sur YouTube visiblement.

Pour parler un peu des maoris, ils ont leur propre mode sociétal. Les tribus, qu’on appelle les “iwi”, sont constitués de sous tribus, les “hapu” et ton rang est défini par ton “mana”.

Les joueurs de jeux vidéo savent de quoi je parle, c’est une sorte de force intérieure, et dans les cas des maoris, on parle de leur énergie spirituelle.

Ces derniers se définissent comme les être humains mortels des Dieux et des Esprits.

Leurs tatouages, les Tā Moko comme ils les appellent, sont une représentation de ce rang social et montrent quelles sont les compétences et utilités que la personne a au sein de la tribu.

L’emplacement du tatouage a de même une importance. Le corps humain étant considéré comme un lien entre la Terre et le Ciel, les tatouages présents sur les membres inférieures représentent le monde terrestre; alors que ceux sur la partie supérieure du corps représentent le ciel, donc le spirituel.

Par exemple, si vous avez un tatouage autour de la bouche, c’est que vous êtes un excellent orateur et donc vous faites partie de ceux qui s’expriment pour transmettre une information importante à la tribu.

Si vous avez un tatouage sur le front, c’est que vous avez la connaissance, le savoir, vous êtes le chaman de votre tribu.

Si vous avez un tatouage sur le mollet, vous faisiez parti de ceux qui partent en exploration pour aller trouver des ressources pour la tribu.

Je pense que tout le monde connaît le Haka, le chant et danse Maori qui s’est popularisé au rang international grâce à leur équipe nationale de rugby. Mais on confond souvent le Haka, qui est un groupe de chants de danses maoris, avec le Ka Mate, qui est un Haka.

Par exemple, en 2015 au rugby, on a vu le Ka Mate, qui veut dire “Je meurs”, censé impressionner l’adversaire, montrant que le maori sera prêt à tout pour parvenir à ses fin. Mais avant, les All Blacks utilisaient le Timatanga et le Te Iwi Kiwi, qui sont eux aussi des Haka.

Il y a un autre chant par exemple, qui est le Ka Ora, qui veut dire “Je vis”, qui lui est davantage utilisé lors de cérémonies ou de manifestations, comme les mariages par exemple.

Cette culture et cette tradition est encore très marquée chez les maoris et les colons britanniques, qui ne font maintenant qu’un.

Cela va de soi à ne pas s'amuser à imiter un Haka devant des néo-zélandais, car c’est quelque chose de très sérieux pour eux.

Petit aparté, on appelle les néo-zélandais les Kiwis, en référence à ce petit oiseau assez mignon qui était présent partout sur ces terres.

Je parle au passé car maintenant ils sont en voie d'extinction.

Pourquoi ?

Car durant des siècles et des siècles, ils n’ont eu aucun danger sur leur territoire et aucune proie pour les chasser. Ils étaient donc en safe place (et c'est ok) et ont oubliés comment voler.

Ce qui est quand même sacrément con quand tu es doté d'ailes. Un oiseau quoi. C'est pourquoi maintenant ils se font écraser par les voitures en masse.

De même, quand les colons sont arrivés, ils ont ramenés pleins de nouvelles espèces endémiques avec eux.

Et notamment des moutons. Les moutons, c'est super cool, mais ça a TROP marché. Aujourd'hui, il y a 30 MILLIONS de moutons pour 4,8 MILLIONS d’habitants.

Ça fait 20 moutons/habitants.

C’est le pays où il y a le plus de moutons dans le monde. Alors les moutons ça ne bouffe pas de kiwis, mais on peut imaginer qu’il devait y avoir des chats ou autre dans le lot, et que ça a bien niqué tout l'écosystème qui vivait en paix et sans danger.

À l’heure actuelle, il y a cet objectif de préserver cet écosystème coupé de tout.

Par exemple, vous ne pouvez pas ramener de pommes dans vos bagages en Nouvelle-Zélande. Elles peuvent amener certaines bactéries ou autres, présent dans nos engrais, qui n’existent pas sur le territoire.

Ne sachant pas comment se défendre à ce nouveau parasite, cela peut ravager toute une faune/flore qui s'était mis en place depuis des millénaires.

Voilà, donc en gros, si vous allez en NZ, cherchez bien les Kiwis parce que dans 10-15 ans, il n'y en aura plus.

Début des années 1800, et ce pendant près de 40 ans, c’était le zbeul entre les maoris et les britanniques.

C'était la Guerre des Mousquets. On l’a appelé comme ceci à cause de l’arme utilisé et ramené par les européens.

Cette arme a été assez néfaste quand elle est arrivé sur le territoire par les anglais, car elle a permis à plusieurs tribu de l’île du Nord de se foutre sur la gueule entre eux.

Peu stratégique.

On parle de 20 000 morts. Pourquoi ? Et bien je suppose que le passage de l'arc/flèche à fusil/balle a quand même dû être une révolution pour eux.

Après, dire pourquoi exactement ils se sont foutu sur la gueule je n'en ai aucune idée. Je vous rappelle que j'exerce la profession de Youtubeur et que je n'ai aucun buzz.

Pour calmer tout ça, la Couronne Britannique en a eu ras le cul de tout ce merdier, et a propose un traité.

En 1840, le traité Waitangi est signé entre la couronne britannique et des chefs maori, avec une sorte de pacte de paix qui délimite les propriétés des ressources, du territoire, etc …

Un maori, rencontré plus tard durant mon voyage m’avait dit qu’en réalité, ils s'étaient bien fait rouler dans la farine !

Pourquoi ?

Le traité a été traduit en 2 langues : l’anglais et le polynésien (langage utilisé par les maoris à l’époque).

Problème : certains chefs maoris ne parlaient pas l’anglais et d’autres ne savent tout simplement pas lire.

Les britanniques ont donc profité de cette naïveté et auraient mis certaines clauses qui pourraient porter à confusion en anglais.

Pire, ils auraient tout simplement oublié de parler de clause dans le traité traduit en polynésien. Trop relou, trop relou.

En gros, les britanniques ont dit aux Maoris : “oui oui on est là pour vous aider”.

Alors qu’en anglais ça voulait dire : “Bon bah là tout ça, c’est à nous."

Logiquement, 3 ans après c’est le dawa, et cette fois-ci c’est la guerre entre les maoris et les pākehā (propriétaires européens). Certains maoris ne veulent pas céder leurs terres, ce qui peut être compréhensible.

En 1907, la NZ devient un dominion de l’Empire Britannique, ça veut dire qu’ils deviennent autonomes mais pas à 100% (?).

En gros, ils gardent le Royaume-Unis sous le coude pour certains domaines, comme l’armée maritime par exemple.

Et je terminerais cette petite aparté sur la NZ en disant que le droit de vote des femmes a été adopté en 1893.

Se foutre sur la gueule, oui, mais respectons l'égalité des sexes.

(en France c'était 1944)

Chapitre 5 : Retour au travail

À la débauche de ce premier jour de travail, j'étais un peu fatigué.

8h à changer des draps, c'était la journée où j'ai le plus travaillé de mon séjour, et c'était franchement redondant. Surtout que je rigolais quand même + avec Michelle et ses histoires de braquages que ma collègue du jour avec ses histoires de tricots.

Comment cela se fait-il que cette journée de travail fût la plus longue de mon séjour ? Et bien tout simplement parce que ce Ressort 5* était un flop total. Aucun touriste ne s'aventurait jusqu'ici !

Ces gros malins ont fait un ressort de luxe, là où le tourisme est le moins présent. C’était perdu dans le trou du cul du monde, dans le Nord de l’île du Nord, à 5h de la plus grosse ville du pays. 3 pélos y passaient dans l’année et ils ne revenaient jamais à cause du service qui était catastrophique. Normal vous me direz, étant donné que c’était géré par des quiches comme moi, accompagné de d’autres quiches maori qui n'en n'avaient absolument rien à carrer de savoir si les propriétaires étaient rentables dans cette histoire.

Sachant que les supérieurs étaient chinois, être exemplaire dans ce travail était loin d'être une priorité pour ces maoris qui y voyaient une sorte de colonialisme supplémentaire.

Certains jours, on me disait de ne pas venir travailler le lendemain. Je pensais que c’était parce que j’étais nul pour faire les lits (très probablement), mais en fait, c’était parce que rien ne se louait. Il n'y avait tout bonnement pas de draps à changer. Alors je partais aider en renfort à la winerie ou au restaurant, mais j'y travaillais seulement 3h pour y faire 2 couverts.

Là pour le coup, c’était du "EasyMoney" comme Michelle disait.

Au final, je travaillais tellement peu qu’en 1 mois je me suis fait à peine 800$. Et 800$ en NZ, c’était vraiment pas grand chose.

En réalité, tout ceci m’allait.

J’avais la belle vie, j’étais logé au bord de la plage dans un camping pour 50$ la semaine, et la réalité est que je n’avais pas vraiment besoin de travailler.

J'avais suffisamment économisé en France pour ne pas me poser de question concernant l'argent sur l'année à venir.

Donc 800$ c’est cool, mais c’est clairement pas ce qui allait me faire rester. Car au final, ce que je recherchais le plus, c’était d’avoir ma liberté.

Chapitre 6 : La vida pas si loca

Le 9 Octobre 2019, après ma journée intensive de travail (j'ai travaillé 4h), nous partons en voiture, avec mes acolytes Kevin et Tom, faire ce que l'on sait faire de mieux : faire apéro sur le bord d’une falaise.

Avant d’y arriver, nous devions marcher une vingtaine de minutes au bord du précipice, et je manqua presque de glisser si Tom ne me rattrapait pas.

Le sol s'effritait, était assez humide, et lorsque je regardais en bas, la pointe des rochers me rappelait que la vie pouvait se terminer à la moindre erreur. Je n’avais certainement pas envie de tomber et de finir noyé dans ces vagues qui venaient se fracasser contre ces rochers.

Une fois arrivé à destination, j’y trouva un paysage magnifique. Nous arrivions en haut de l’entrée d’une demi cave (c'est comme une bolinette, mais en cave), et pour l'atteindre, je devais me jeter dans l'eau glacée.

J'étais un peu triste car je savais que le sel allait bousiller mes sneakers Kahru x NASA que j’avais au pied, mais Tom et Kevin me regardaient, et n'auraient pas compris le dilemme qu'aurait été de préserver ma seule paire du voyage, qui était en sah, une édition limité super stylé. Marchant dans l'eau salé, j'avais renié à tous mes principes de conservation vestimentaire.

Vous venez de découvrir un nouveau prénom, qui reviendra souvent : Kevin.

Kevin, je ne le savais pas encore, mais c'était mon futur coloc. Un italien complètement fou avec des idées très arrêtés. Le genre de type qui ne réfléchissait pas beaucoup, et même s'il n'était pas très grand et assez fin, comme moi, il me faisait un peu peur car il était toujours imprévisible dans ce qu'il faisait. J'aurais l'occasion de vous reparler de lui plus tard.


Notre trek/apéro terminé, il commençait à faire vraiment nuit. Prévoyant comme nous sommes, aucun de nous n'avait pensé à quel point le retour dans cet environnement dangereux, sans vision éclaircie, allait être compliqué.

Par chance, personne ne se blessa, tout le monde resta en vie, et ça, c'est quand même super cool.

C’était donc une journée pleinement réussie.

Avant de rentrer dans la voiture pour rentrer à la maison, dans un moment d'euphorie et de challenge, je décida d’aller me baigner (je suis très frileux et très peu à l'aise dans l'eau), à poil (parce que l'on ne vit qu'une fois apparemment), pour profiter une dernière fois de cette baie et célébrer mon arrivé dans ce lieu mystique.

Tom et Kevin ne m’en croyaient pas capable, mais se sont bien marrés quand ils ont vu mon cul tout blanc, frigorifié, qui n'avait pas prévu de serviette.

Cette baignade fût sûrement le moment le plus mémorable de mon début de voyage en Nouvelle-Zélande. C’était la pleine lune, j'étais entouré de 2 falaises, bordé d’une plage magnifique où il n’y avait absolument personne mis à part mes amis.

L’endroit ressemblait à un croissant de lune, surveillé de cette dernière qui était pleine. C’était magnifique.

J'ai mis ma tête sous l’eau et j'ai crié aussi fort que je pouvais, déchargeant tout le bonheur et l’excitation que je pouvais ressentir à ce moment là.

À l’arrière de la voiture, avec une serviette sur le zgeg que Tom m'avait dégotté, cheveux au vent, je me sentais invincible. La tête rempli de rêveries pour Kaizer, nous partions en direction de la maison, pour ma dernière nuit dans cette villa, avec la plus belle des vues.

Le lendemain, 10 Octobre 2019, je parti à pied au travail. Longeant une route où il n’y avait presque jamais de voiture qui passaient. Les rares passants étaient mes collègues qui embauchaient à la même heure.

Autours de moi, il y avait des moutons et des vaches dans des enclos à perte de vue, des grandes plaines avec quelques petites maisons, et des containers qui faisaient office de petites habitations (c'était très courant là-bas, car moins cher).

C’était paradisiaque si on y cherchait la solitude, l’espace et la reconnexion avec la nature. Absolument tout ce que je souhaitais.

Arrivé à Carrington, on me missionnait d’aller rejoindre Terrence car j'étais vraiment trop nul pour changer les draps et que je n’avançais pas assez vite.

Moi, ça m'allait très bien, car Terrence c'est un collègue maori qui a 5-6 ans de plus que moi, aussi gringalet que moi, avec qui on ne faisait que fumer des “cigi” (cigarettes), boire des bières aux gingembres (sans alcool), le tout se baladant à travers le complexe hôtelier dans une mini golfette.

J'étais payé à ne rien foutre, à me taper des barres avec mon pote maorie, profitant du beau temps, parlant de tout et de rien. Le bonheur.

On apprenait à se découvrir et parfois, de temps en temps, de manière très lente et très réfléchie, on rentrait dans un lodge pour y retirer des draps. Pas changer. Juste retirer. Sinon ça faisait beaucoup trop de boulot d'un coup.

On a fait ça toute la matinée.

Je commençais à sérieusement comprendre le terme de “EasyMoney”.

J’aimais beaucoup ces bières au gingembre. C’était sans alcool et pour la bonne raison que Terrence (T comme je l'appellerais plus tard) m'annoncera plus tard que c’était un ancien alcoolique (il avait 27 ans à ce moment là; mon âge actuel).

Enfin, ancien, était peut être un bien grand mot. Parfois, j'étais censé travailler avec lui et il ne venait tout simplement pas car il était en train de picoler quelque part dans son coin.

Il revenait ivre au ressort, et ça ne choquait personne. J'en déduisais qu’il n’en était pas à son coup d’essai.

Je me disais que c’était bien triste de voir un ptit gars si jeune, avec sa petite tête mignonne, moustachu et toujours une casquette sur la tête, sombrer dans l’alcool et que ça n’inquiétait ABSOLUMENT personne.

Que faisait sa famille ? Même pourquoi personne ne disait rien au travail ? Il fallait que quelqu'un le ressaisisse, bon sang !

C’était un bon gars en plus de ça. Tout le monde semblait l'apprécier.

En réalité, je compris que c’était un problème bien plus généralisé que ça.

T n’était absolument pas le seul dans ce cas, et si seulement ça restait sur l’alcool, ça aurait été une bonne chose.

En réalité, la péninsule de KeriKeri était gravement touchée par les drogues dures. À un point où je me souviens de cette image précise : à côté de la caserne des pompiers, en face de l'école primaire, il y avait un panneau ⛔ avec marqué “METH INTERDIT”.

Bizarre la prévention en face de l'école.

Ça donnait le ton de l'endroit où j'avais atterris. Et pourtant, en voyant le paysage qui nous entourait, personne n'aurait pu desceller que j’étais à CrackHead Land.

De plus, je n'avais jamais vu de crackhead là-bas donc je suppose qu'ils restaient chez eux pour se shooter. C'est ce que faisait T au lieu d’aller au travail.

Après avoir changé 2 draps et fumé 14 cigis, je parti aider Rajh, le nouveau manager du restaurant/winerie.

Un nounours indien très gentil qui faisait correctement son travail, avec un accent moitié indi, moitié néo-zélandais. Le mix était terrible.

Il avait un tique de langage; à chaque début de phrase il répétait "Well", ce qui signifie "Bien". Ce qui rendait globalement toutes les interactions chiantes à mourir mais plutôt complaisantes.

Mon tique de langage à moi, c'était “Indeed”. J'étais presque sûr que ça fonctionnait pour dire “En effet”, mais ils se foutaient tous de ma gueule car ils étaient tous persuadé que l'utilisation de ce mot était erroné. Même à l'autre bout du monde, je restais un artiste incompris dans ma méthode de communication. Ou alors ils avaient sûrement raison étant donné que c’était leur langue maternelle.

Après avoir essuyé des verres à la winerie, j’avais bien travaillé (30 min), Tom me proposa une bière. C’était avec grand plaisir que j’accepta son offre et m'empressa de la boire avec ce magnifique paysage que je contemplais : montagnes verdâtres, morceaux de plage au sable fin, océan à perte de vue, et des vignobles qui me rappelaient quand même un peu chez moi. Dominer tous ces paysages et percevoir toutes ces différentes nuances de couleurs était la plus belle récompense de ces fins de journées.

Je vivais ma meilleure vie et dégustais cette savoureuse bière qui était là pour me rappeler à quel point j’avais de la chance d’être ici et de la réussite de ces débuts.

Ce moment aura duré exactement 2 minutes, car Chef, LE chef cuisto, un mec immensément grand, avec une voix grave qui avait probablement dû fumer 2 paquets de cigarettes sur les 20 dernières minutes, aux allures d'un Gordon Ramsay qui avait trop forcé sur le crack, me pris ma bière de force, et d’un geste énervé, renversa son précieux liquide pour me demander d’un ton sec qui me l’avait donné. À ce moment-là, je me découvris de nouvelles compétences pour parler thaïlandais, mais certainement pas anglais. Ne voulant pas dénoncer l'auteur du crime qui pensait bien faire, je répondis un truc du style : “Bah … heu I don’t know … heu”. Ce à quoi il me répondit qu’on ne buvait pas de bière ici, ce qui était assez cocasse pour un restaurant qui faisait brasserie en même temps.

Après avoir fait la rencontre de Chef, m’ayant remis à ma place, il était temps pour moi de débaucher. Pour ceux qui ne font pas parti de mon Sud-Ouest, le terme "débaucher" signifie : sortir du boulot.

Je parti avec Tom, Kevin et Eddy (un pote maorie) en direction d'une plage avec la voiture de Tom. Une voiture vraimentttttttt heuuu qui doit sûrement approcher des 500 000 km au vu de son état extérieur et du bruit qu’elle faisait. C'était probablement un véhicule sous crack lui aussi.

Quand je vous dis qu’on est allé sur la plage avec la voiture, c’est que, pour nous impressionner, Tom a eu la bonne idée de littéralement se garer sur la plage.

C’était la première et dernière fois de ma vie qu’on se posait sur du sable avec un véhicule, et pour cause, c'est que si tu ne possèdes pas 4 roues motrices, tu restes bloqué dans le sable sur une temporalité indéfinie.

Nous sommes donc resté bloqué pendant près de 4h. Impossible de repartir, les roues patinaient dans le sable, et plus on essayait d'en sortir, plus on creusait le tombeau du véhicule fentanylisé.

On a tout essayé. Mettre des bouts de bois sous les roues, creuser, prier, pousser la voiture pendant que j'accélérais (ce qui était selon moi la pire des décisions étant donné que je venais de fumer. On m'avait missionné de cette tâche, et malheureusement je n'avais pas vraiment compris ce que l'on me demandait de faire : je suis resté appuyé sur l’accélérateur et j'ai failli cramer le moteur. On y voyait de la fumée sortir de sous le capot. Ils m'ont dit d'arrêter, ce qui m'a rappelé que j'étais aussi nul pour changer des draps que pour appuyer sur un accélérateur).

Faut croire que la meilleure solution était de prier car, par miracle, au bout de 3 heures et demi d’enfoncement, un maorie se baladant sur la plage avec son chien est venu à notre rescousse.

Mort de rire, il s'est bien foutu de notre gueule d'occidentaux pendant 10 minutes, avant d'aller chercher quelques planches chez lui, les installer sous les roues, et en 2-3 mouvements, nous étions sortis de la plage.

Moi je remerciais ma bonne étoile, et ce maorie, car il commençait à faire nuit et que j'avais vraiment envie de rentrer dormir à la maison, pour ma dernière nuit dans cette villa magnifique. Tout est bien qui finit bien, et je n'ai même pas cassé la voiture de Tom, ce qui ressort d'un réel miracle pour le coup.


Manque de pot, le repos ce ne sera pas pour tout de suite car directement arrivé dans notre château, nous nous empressons d'aller chez Mana fumer un gigantesque Bong.

Putain.

Alors moi, de base, j’étais moyen chaud. Car déjà je me sentais bien mal à l’aise par rapport à la voiture que j’avais failli faire exploser, du fait que j’étais déjà dans le cosmo; donc j’ai passé mon tour pour l'élévation astral cannabique car sinon, dieu sait ce que j’aurais été capable de faire brûler sans faire exprès.

Tout le monde se faisait tourner le bong artisanale, dont l'eau n'avait visiblement pas été changé depuis 2002. Il y avait une bonne ambiance. Je ne comprenais pas du tout ce que je foutais là, mais ça se vannait, ça chantait, et c'est tout ce dont j'avais besoin pour le moment.

Puis, d'un coup, tout le monde se tut. Tom courra chercher son téléphone. Il coupa la musique, et tira les rideaux d'un geste ferme.

Une fois de plus, je ne comprenais absolument pas ce qu'il se passait et lorsque j'osa poser la question, on me répondit de bien fermer ma gueule avant que je me fasse djoufarah.

Ce qui les alertait telle des chouettes en terreur, se trouvait à l'extérieur. Dehors, on entendait une voiture.

Elle avait l'air de stationner sur la route, en face de la maison et faisait vrombir son moteur.

On se regarda tous, et visiblement j'étais le seul à ne pas comprendre la situation.

Le mood avait totalement changé. Je lisais l’inquiétude sur le visage de Mana, propriétaire des lieux; Tom ne faisait pas le fier non plus, alors que tous les autres potes maoris présents continuaient de fumer et rigoler à voix basse. Ça n'avait aucun sens.

C'était long. C'était très long.

Je me tenta à redemander ce qu’il se passait, et cette fois-ci, on me répondit avec un seul mot : “Gang”.

Chapitre 7 : The Three Up Three Down

C'était le noir complet, la voiture ne semblait pas bouger; et toutes les 20 secondes, elle faisait rugir son moteur comme pour signifier qu'elle était là, et qu'elle attendait quelque chose.

Le "gang" ? Comment ça ? C'est-à-dire ?

Mana s’approcha de la fenêtre à pas de loup, jeta un coup d'œil en prenant soin de ne pas toucher le rideau et resta immobile pendant de longues secondes qui paraissaient interminables. Il ne disait rien mais on savait tous très bien que la voiture était encore arrêtée en face de la maison. On ne pouvait pas échapper à ce bruit de moteur. À chaque vrombissement, j'avais l'impression que la maison allait s'effondrer; et pour sûr, tout le quartier entendait ce qui se tramait dans la rue.

Tout le monde chuchotait, nous ne pouvions que patienter. Pourquoi, je ne sais pas, mais nous patientions.

Moi, défoncé comme je l'étais, je ne savais pas si nous allions nous faire égorger d’une seconde à l’autre, si on allait se faire tirer dessus à travers les murs de la maison ou même si Mana les connaissait. Je ne savais rien. J’ose à peine imaginer mon état mental si j’avais eu le malheur de tirer sur ce bong des ténèbres.

.

Après 10 minutes d'asphyxie totale, ressenti 3 heures et demi, la voiture s’en alla à toute allure, faisant crisser ses pneus, pendant qu'Eddy était en train de rouler un autre joint de pure. Entre temps, Mana était revenu s'asseoir autours de la table comme si de rien n'était.

Je re redemanda donc des précisons quant à ce qu'il venait de se passer. On me répondit simplement qu’ils faisaient ça pour montrer qu’ils étaient là.

Ce qui était relativement réussi à mon humble avis, et bien plus efficace que n'importe quelle technique marketing que j'avais pu apprendre en 3 ans d'études supérieures. (j'en ai appris 0)

Mana et les autres ne nous l’ont pas dit, mais je l'ai compris que bien plus tard; ils étaient là en démonstration, certes, mais c'était aussi pour signifier à Tom, Kevin et moi-même que nous n'étions pas chez nous et qu'il ne fallait pas faire les zouaves.

Ils se sont présentés aux nouveaux en quelque sorte.

Chose que l’on a très bien compris pour le coup.

Je pense que nos amis n’ont pas voulu nous dire la vérité car ça ne servait à rien de nous faire peur. De même, ils savaient que nous étions de personnes, fiables et que cela nous paraissait évident d'être respectueux sur leur territoire (nous sommes les seuls touriste de la région, vraiment pas en position de pouvoir négocier quoi que ce soit. C'est Ciao Kombucha l'égo).

Délicat de passer une soirée tranquille sachant que nous étions fliqué par un gang maorie. Mais tout ceci, je ne l’ai compris que plus tard.


La soirée se terminant, notre ami Eddie, qui avait son bras dans un plâtre car il se l'était cassé au rugby, décida de nous ramener chez nous, en voiture, et bien évidemment, c’est lui qui conduisait malgré le manque évident de praticité lié au mouvement manuel, et sa capacité à ingérer des bangs. Le tout sans mettre de ceinture de sécurité. Je lui fis remarquer que je n’arrivais pas à mettre la mienne, et en me charriant, ils me répondissent tous que de toute façon, si c’était aujourd’hui que l'on devait mourir, ce le sera.

J'y réfléchis quelques secondes...

J'étais seul en Nouvelle-Zélande, dans une voiture avec des gens rencontré 2 jours auparavant, où l'on a fait la connaissance d'un gang maori qui voulait notre peau mais pas trop; et après mûre réflexion, j'étais assez d'accord avec eux.

C’était une certaine manière de croire au destin.

Fuck la ceinture pour cette fois-ci, et dans le cas contraire, ma mort sera une anecdote de fou.

De même, au vu du peu de passage qu’il y avait dans ce village, soit on percutait le gang, et dans ce cas c'était terminé pour de bon, soit on tapait une chèvre.

Le 12 Octobre 2019, c'était pour moi le grand départ de ma villa préféré, pour aller en direction de mon nouvel emplacement : Le Camping Top 10.

Un endroit sympathique que je payais 65$/semaine, qui longeait une plage inconnue des (rares) touristes.

Dorénavant, j'étais censé vivre dans une roulotte avec mon fameux nouveau coloc italien : Kevin.

Au préalable, je rangea mes affaires, packa mes différents sacs, embarqua le peu de denrée alimentaire que je possédais et fis mes adieux à la plus belle des vues post réveil que j'avais.

J'étais chargé comme une mule, un sac de 17 kg sur le dos, un de 12 kg à l'avant et une poche de nourriture dans chaque main. Par chance le camping se situait à 15 minutes à pied, et je pouvais profiter du magnifique paysage qui s'offrait à moi depuis la route qui descendait. Au loin, on pouvait apercevoir le bout de plage qui venait s'échouer dans l'océan, le tout avec des arbres dont les branches passaient au dessus de l'eau. Et je peux assuré, qu'une fois escaladé, ils seront mes partenaires préférés pour y fumer de bons pétards.

Au bout de 5 minutes de marche, je tirais vraiment la tronche. Mes 53 kg tout mouillés commençaient à regretter d'avoir prévu le trajet en une fois, et c'est alors qu'une voiture me passa à côté et ralenti le pas. Un gros 4X4. Elle ne s'arrêta pas totalement au bord de la route, mais je compris qu'elle m'attendait.

Ça devait sûrement être Michelle ou T qui me voyait galérer, et ayant pitié de moi, m'aurait aidé à descendre en voiture. C'est hyper gentil.

Je m'approcha de la voiture, me positionna à côté de la vitre avec une grimace. La vitre se baissa et j'y vu 4 mecs de 120 kg, des bras qui faisait le diamètre de mon corps, tatouages sur le visage. C'était le gang.

Le même que celui qui tuait des gens et vendait de la meth.

Mes grimaces s'arrêtèrent directement quand je compris que cette interaction pouvait me coûter la vie.

Celui en bord de fenêtre avait l'air plutôt avenant et souriant, alors que les autres me regardaient droit devant et avaient l'air d'être sérieux.

À 30 cm de mon visage, ce phénomène physique dont on peine à imaginer qu'il est un jour sorti d'un orifice humain, me demanda où j'allais. Sincère, je leur expliqua que je venais de quitter mon logement que Carrington m’avait gentiment laissé pour quelques jours et qu'à partir de maintenant, je m’installerais au Top 10.

Ma dernière phrase avait visiblement trouvé le don de réveiller les 3 autres dans la voiture car ils se sont tous mis à rigoler en disant que c'était trop marrant car eux aussi allaient au Top 10 !

Superbe coïncidence.

À ce moment, je commençais légèrement à me chier dessus car je ne voyais pas où allait mener cette discussion, qui n'allaient que dans un sens, car j'avais trop peur de poser une question indiscrète.

En réalité, ils m'annoncent que la raison de leur présence étaient qu'ils venaient se prendre des vacances là-bas, et ce pour quelques temps.

Magnifique.

C'est donc tout naturellement qu’ils me proposèrent de m’y emmener plutôt que de galérer avec mes sacs.

Pour ne pas paraître impoli, et surtout parce que je n'avais aucun argument pour refuser, j’acceptais directement.

Dans ma tête, je me disais que c'était la fin des haricots et que 2 options s'offraient à moi :

Soit je finissais découpé en morceaux et je finissais en pâture aux chèvres; soit au moment où j'aurais déposé mon sac dans la voiture, ils refermeraient le coffre et c'est tchao les affaires du Coco.

Des tas de choses bien plus grave pouvaient se passer, mais ce qui m'aurait fait le plus chier, ça aurait été de perdre mes affaires. Parce que dedans j'avais un super t-shirt Quicksilver, il était vraiment stylé, et je n'allais jamais réussir à le retrouver.

Je posa mes affaires dans le coffre de leur gros 4x4 Toyota, je referma la porte; et à ma grande surprise, ils ne démarrèrent pas de suite se barrant avec mes affaires. Pire, ils sont même allé jusqu'à me faire de la place à l'arrière pour que je m'installe avec eux. Tels de vrais gentlemen Gentle Mates.

Me voilà dans la voiture du gang, compressé par 2 buffles de 120 kg avec des tatouages sur la gueule, ainsi que 2 autres buffles à l’avant qui me regardent intrigués. Fantastique.

Et bien croyez moi ou non, mais ils ont été adorable avec moi. Ils m’ont mis directement à l’aise, ils me faisaient de petites blagues (que je ne comprenais qu’à moitié à cause de leur accent, mais je sentais une bonne énergie), ils m’ont demandés ce que je faisais ici en NZ (je pense que c’était l’information qui les intéressait le plus) et ils m’ont même offert une casquette ! Qui n’a rien à voir avec le gang (je crois que c’est une marque de whisky), mais c’est quand même un cadeau mémorable de la part du gang qui tue des gens et qui vend de la meth ! Est-ce que ça veut dire que maintenant je fais parti des leurs ? Peut-être pas, mais j’étais refait.

Le nom de leur gang est :

Three Up, Three Down.

C’est comme ça qu’ils s’appellent.

3 Haut 3 Bas.

Je ne devais sûrement pas comprendre quelque chose au niveau de la traduction, mais c'était bel et bien ça.

Ils étaient au total une trentaine et s’habillaient pour la plupart avec un gilet noir et jaune, avec l'inscription du nom du gang au dos.

La plupart avaient des tatouages sur le visage et étaient des bikers. Des bikers sachants si l'ont suit la signification des tatouages dont je vous parlais tout à l'heure.

Régulièrement, soit on les voyait passer en Harley, soit en voiture japonaise (la plupart sont des Toyota Supra). Un mix entre Texas Rangers et Tokyo Drift.

À l’entrée du camping, certains membres des Three Up Three Down géraient les entrées et sorties du camping pour inspecter qui étaient là de passage, ou non.

Sortant de la voiture, une vingtaine de membres du gang me scrutèrent à leurs tours, de haut en bas, je saluais tout le monde, récupéra mes affaires (ouf), et ils m’amenèrent jusqu'à la réception (sûrement pour vérifier que je ne leur racontais pas de bobards). Je les ai checké pour dire au revoir, et m’en alla vers ma roulotte de camping dans une démarche tout droit sortie d’un clip de A$AP ROCKY.

Les jours suivants, tous me dirent bonjour, et ça, ça n'a pas de prix de se sentir accepté de la part d’un gang maorie.

GANG (j'étais à 2 doigts de faire des signes avec mes mains)

Faut dire que j’y avais mis du miens pour faire bonne impression.

Étant donné la taille de ce petit village, moi petit français, j’étais devenu la nouvelle attraction du bled.

Tout le monde savait que j’étais là et tout le monde voulait savoir pourquoi j’étais là.

J’étais content d’être là bas, donc il arrivait certaines scènes, qui ne se produisent jamais en France, où lorsque je marchais sur le bas côté, je disais toujours bonjour d'un petit geste de la main, et ce, à chaque passants roulant avec sa voiture en guise de bonne journée.

Je ne voyais jamais qui était à l’intérieur du véhicule, mais je suppose que ça a permis de faire passer un message, comme quoi un nouveau fou disait bonjour à quiconque le voulait, depuis le trottoir avec un sourire béant.

J’étais mignon, inoffensif, sûrement naïf. Mais c’était ma façon à moi d’être reconnaissant envers ce que l’on m’avait donné. Si je pouvais donner un léger sourire sur le visage de quelqu’un que je ne connaissais pas, c’était mission réussie.

Je suis nostalgique de cette époque. De cette bienveillance que j’inculquais, qui est toujours au fond de moi, mais enfoui dans cette routine française où cela devient bizarre de dire bonjour aux gens dans la rue, sans aucune raison apparente.

Le lendemain, je racontais ce que j'avais vécu avec le gang, à Lenny, une autre collègue maorie, lui disant qu’en réalité ils étaient super gentils.

Elle me répondit stupéfaite, que oui, en effet, ce sont des êtres humains comme nous. Laissant place à un silence qui en disait long sur l'apriori que j'avais.

Cette phrase m’avait beaucoup fait réfléchir sur mon état d’esprit et je me suis senti très con à côté des personnes qui m’entouraient.

Du fait de mon éducation et tout ce que j’avais pu entendre, j'avais déjà peur de ces personnes alors qu'elle ne m'avaient rien faite.

Lorsque l’on parle de “gang”, on pense à “meurtres” “deals” “personne peu fiable”, et on ne pense pas à l'humain derrière tout ça ou quels sont ses convictions.

De tels agissements ne sont jamais pardonnable, mais il faut croire qu'il y avait bel et bien un cœur derrière tout ça, et que tout n'était pas si criminel comme nous pouvions nous y attendre.

Si ça se trouve, personne n’avait tué qui que ce soit. Ils vivaient simplement de la revente de cannabis dans leurs montagnes, et ne devaient faire de mal à personne.

Des êtres humains qui m’ont montré qu’ils pouvaient eux aussi sourire et aider, sans attendre quelque chose en retour.

Lenny m’a ensuite dit qu’aujourd’hui elle avait changé des draps avec de la merde dessus.


De retour à ma "roulotte", qu’on appelle avec Kevin, je termina de déplier et ranger mes affaires pour ce premier jour d'installation.

Ma roulotte, c'est un mobil-home où les fenêtres étaient constamment ouvertes car elles étaient cassées, et où plein de bestioles se réfugiaient du vent et de la pluie. Une sorte de recueil pour les insectes les plus fragiles.

Un éco-lieux collaboratif finalement.

C’était tout petit, bien moins spacieux que la villa, mais on avait une petite terrasse en bois abrité avec une petite table en bois, et un lit superposé. J'étais en haut et Kevin était en bas.

Lorsque Kevin rentra pour la première fois dans notre roulotte, il a trouvé un gros insecte rouge avec un dard sur les fesses. Il me répétait souvent que ce dernier avait pour habitude de prétendre être mort pour pouvoir nous sauter dessus et nous piquer, provoquant d'énormes pustules remplies de pu.

Kevin avait un humour particulier quand même.

Sur la table extérieure, je me souviens des nombreuses heures où je travaillais sur Kaizer. C’était mes premiers pas sur Illustrator et j'y m'essayait en créant divers objets liés au site Internet/jeu. Comme un coupon de réduction, des cartes de collection avec des sneakers dessus, et même mon premier personnage.

PHOTOS CARTES SNEAKERS/COUPON/1ER ROBOT

Avec du recul, c’était vraiment merdique, mais je trouvais ça fabuleux de pouvoir créer quelque chose depuis l'autre bout de la planète. J'adorais ça et c'était une réelle découverte pour moi car c’était la première fois où je m’essayais à quelque chose d’artistique de ma vie.

Malheureusement, malgré mon quotidien des plus créatifs et originaux, je me rendais compte que je passais le plus bref de mon temps libre à fumer, penser à Kaizer, et à mon ex chérie qui me manquait tout de même énormément.

Plus tard dans la journée, nous avions l'officialisation de l'ouverture de la winerie. Les collègues et moi-même étions conviés pour accueillir nos rares touristes fortunés, venu de partout autours du globe dans le but de goûter notre nouveau millésime de ce vin néo-zélandais (il était cher et était ignoble, bien moins bon que celui des australiens).

Parmi ces riches touristes, on pouvait compter aussi certains membres du gang.

Attendez, je compte ...

Ah non en fait il n'y avait que le gang.

Je ne savais pas ce qu'il se passait, mais une chose était sûr, c'est que c'était quand même super louche.

Chapitre 8 : Bad Mood

Le 13 Octobre 2019, je me suis mis à écrire anglais dans mon bouquin. J’ai ressenti certains progrès et je pensais pouvoir écrire tous les jours dans cette langue, mais finalement ça m’a vite gonflé. J’ai arrêté dès le lendemain. Le plus relou dans la langue britannique, c'était que je ne faisais que de parler en surface. Je n'arrivais pas à expliquer le fond de mes pensées. Je ne pouvais pas parler de sentiments, d'idées, de réflexion sur la vie, c'était trop complexe. Et selon moi, c’est une force de la langue française. La justesse des mots pour exprimer nos sentiments.

En parlant de sentiments, après seulement 9 jours sur le continent néo-zélandais, le 14 Octobre 2019, j'ai envoyé un message à mon ex, que l'on va appeler ici Émilie, pour lui exprimer ce que je ressentais. Un mélange de manque, de nostalgie, et que finalement, ce dont j'avais le plus besoin, c'était de partager ce que je vivais, avec elle.

Elle m'annoncera quelques jours plus tard qu'elle s'était finalement mise en couple avec son meilleur ami.

Coup dur pour notre maori en herbe.

Mais ce qui ne m'étonna guère car il était fou amoureux d'elle, et n'attendait visiblement que mon départ pour tenter un grappling avec elle.

Et cette nouvelle, m'a comme qui dirait, plomber un peu le moral. Compréhensible vous me direz.

Le plus compliqué c'était de se rendre compte que l'on ne vivait pas la douleur de la rupture de la même façon. Que toutes ces années d'Amour pouvaient être comblés par quelqu'un qui était sur la liste d'attente depuis le début. De plus, mes rencontres étant limités dans cette péninsule de la Nouvelle-Zélande, j'avais du mal à tourner la page en m'imaginant avec une autre fille. Grand respect aux femmes maoris, mais elles n'étaient pas mon style.

Mais en toute honnêteté j'étais quand même content que ce soit lui pour me "remplacer". Je savais que c'était un bon gars et qu'il a pu lui donner tout l’amour qu'elle méritait.

En plus, il jouait super bien d'la guitare.

L'enfoiré.

Il faut que je vous raconte un peu comment on s'est rencontré, elle et moi.

C'est digne d'un film de cinéma, et de toute façon elle va apparaître souvent dans mes récits, donc autant connaître la génèse de cette histoire !

Quand j’ai rencontré Émilie, nous étions à la bibliothèque. Oui, il n'y a pas plus cliché que ça.

C'était un matin du Mercredi 30 Mars 2016 (j'ai retrouvé la date exacte car c'était le jour de l'ouverture du Burger King à Bordeaux, évènement MAJEUR pour tous bordelais à l'époque) où je cherchais désespérément un stage à l'étranger pour valider la 1er année supérieure de mon BTS Commerce International. J'ai donc décidé de me poser à la bibliothèque de Bordeaux, pour la 1er fois de ma vie, afin d'envoyer des bouteilles à la mer, par mail.

Je découvrais un peu les lieux, et franchement c'était stylé.

Sur la devanture extérieure était représenté une immense page bétonnée faisant office de panneaux afin d'indiquer, que oui, potentiellement, il allait y avoir des livres dans cette bibliothèque.

Il y avait plusieurs étages, en fonction du domaine sur lequel l'on voulait se renseigner, et sur chaque palier le sol était orné d'une moquette rouge.

Chaque étages étaient immenses. On pouvait y retrouver des livres (incroyable), des gens qui travaillaient sur des ordis, d'autres qui lisaient des BD entre les rayons (des livres), et d'autres qui révisaient leurs cours sur de longues tables où s'empilait du matériel scolaire (et souvent il y avait des livres dessus). C'était très chaleureux.

Je m'assis à une table, ouvra mon ordinateur portable et j'ai eu cette impression que tout le monde me regardait. Cette même impression lorsque tu ne te sens pas à ta place.

Mais je vous rassure, tout le monde s'en battait bel et bien les couilles.

Après avoir envoyé des mails à la terre entière, leur suppliant de me prendre en tant que stagiaire parce que sinon j'allais être déshérité (d'énormément de K€ à la semaine. C'est totalement faux.), je releva la tête, et mon regard croisa le sien.

BAM

Une belle brune aux yeux clairs, avec un haut à manche longue, bleu marine et blanc, accompagné de p'tits bracelets à la con, que l'on portait tous quand on était adolescent (j'ai coupé les miens l'année dernière).

On se regarda droit dans les yeux. Et ça a probablement duré 2-3 secondes (j'étais au bout d'ma vie). Ça a paru être une éternité.

J'ai crû que j'allais dévier mon regard tellement j'étais gêné, mais je me suis souvenu qu'un MÂLE ALPHA ne baisse jamais les yeux devant l'adversité (team wolf).

Quand on s'est vu en date pour la 1er fois, elle m'a dit qu'il n'y avait jamais eu de jeu de regard (gros looser).

En tant que qu'Homme censé, c'est à ce moment là que je me suis dis :

"Elle veut Elle veut"

(absolument pas)

J'ai donc déchiré un vieux bout de papier de mon agenda, et y ai inscrit mon nom, mon prénom (pour être sûr) et mon numéro de téléphone (on avait pas les DM sur insta à l'époque).

Pour me donner du courage, juste avant de lui donner ce papier qui allait sceller notre avenir, j'alla chier une gigantesque merde dans des toilettes Hors Service.

Et c'est un détail bien plus important que ce que vous ne croyez, car lorsque je suis remonté, elle n'était plus là.

Quel looser.

C'est à dire qu'en plus d'avoir laissé un travail incommensurable aux femmes de ménages, qui ne méritaient pas un tel traitement, j'ai laissé passer ma chance avec une fille qui m'a regardé dans les yeux, au moins 2 secondes ! La suite logique était le mariage (quel looser).

Par chance, elle était accompagné de toutes ses copines. J'alla voir une d'elles pour lui expliquer ma problématique; et c'est exactement à ce moment là que je suis redevenu puceau.

Un gland, qui demande si sa copine veut bien sortir avec lui, avec un bout de papier mal déchiré, dont l'encre venait de baver sur ses doigts.

C'était bien évidemment légèrement plus élaboré que ça, mais globalement, j'avais vraiment l'air d'un con.

Elle accepta de lui donner le papier et elles continuèrent de glousser en se foutant de ma gueule.

Plus tard dans la relation, cette même fille a été un sujet de différentes discordes, car elle ne pouvait pas s'empêcher de créer des tensions entre Émilie et moi, là où il n'y en avait pas.

Moi je pense qu'elle étaient juste jalouse parce qu'elles n'était pas assez fraîche pour qu'un mec vienne lui demander son numéro à la bibliothèque.

Après avoir donné le bout de papier le plus important de ma vie et de m'être chié dessus une seconde fois, je rangea mes affaires et décida d'aller rejoindre mes potes à l'ouverture de Burger King.

Arrivé en face, tout émoustillé par ce que je venais de vivre et en pleine réflexion de savoir si j'allais prendre un Whooper ou un Double Whooper, je reçu un appel téléphonique.

C'était elle.

Je décrocha, et ses premiers mots furent :

"Ouai, c'est la Meuf de la Bibliothèque".

Depuis ce jour, elle s'est toujours appelé "Meuf Bibliothèque" dans mon téléphone. Nous sommes resté ensemble 3 ans et ce fût mon 1er vrai amour.

Maitenant, vous comprenez pourquoi je puais le seum tout seul en Nouvelle-Zélande. Avec mes chèvres.

Victor, notre apprenti cuistot d’origine chinoise, nous amenait souvent de la nourriture et des restes de la cuisine.

Je l’aimais bien. Fan de NBA, lorsque l'on passait du temps ensemble, quand je n'étais pas en train de fumais, on regardait les matchs des Lakers ensemble. Lebron James venait d'arriver dans l'équipe après son sacre à Cleveland (à cause du malheureux décès de Kobe Bryant), et c'était un évènement historique dans ce sport.

Il devait avoir à peu près mon âge, et pourtant, il avait déjà une Audi ! Pour lui, c'était un vrai signe de réussite après avoir quitté son pays et sa famille.

De ce fait, il pouvait m’amener à Kataia, qui était la ville la plus proche de KeriKeri à 30 minutes en voiture, où j’avais absolument besoin d’aller pour ouvrir mon compte bancaire et enfin pouvoir être payé. Ma carte Revolut avait ses limites, et ne pouvait pas créer un IBAN néo-zélandais qui était demandé par Bell, la dirigeante chinoise.

C'était une galère sans nom de fournir les papiers demandés, mais j'y parvins finalement dans les jours qui suivaient.

Des efforts qui étaient inutiles selon moi, car ce travail ne payait pas bien et était finalement bien loin de mon rêve d’élever des chèvres.

Par exemple, ce jour-là, j’ai nettoyé les chambres de la villa du gang (ils allaient de temps en temps faire des soirées là-bas), et c'était DÉGUEULASSE. Ils avaient sûrement dû ramener des prostitués car j’y ai retrouvé des restes de faux ongles, 6 boîtes de capotes ouvertes, taille extra fine, et des mégots de cigarettes à foison. Mais je vous rassure, je n’ai pas eu le temps de beaucoup travailler car on a été interrompu par une coupure d’électricité à cause d’une tempête.

Il pleuvait et ventait beaucoup ces derniers temps, et je n'étais pas du tout équipé pour ce type de climat. Le printemps avait mis plus de temps que prévu à montrer le bout de son nez, et j'e subissais davantage le climat que je ne profitais des dernières odeurs de l'hiver.

Dans ces bourrasques qui ne semblaient pas se calmer, Grey avait pris l'initiative de venir me chercher (lorsqu'il ne m'oubliait pas) pour m'amener au travail.

Grey, c'est le gars de la technique, un vieux maori tout petit mais avec des mains qui pouvait arracher des têtes s'il le souhaitait. Il avait toujours une clope au bec et je ne comprenais pas un mot qui sortait de sa bouche. Il était super gentil, mais lui aussi c'était un vrai paresseux quand il s'agissait de bosser.

J'étais content des progrès que je faisais sur Kaizer, et pendant mes escapades en fumette, je prenais régulièrement des notes sur mon téléphone de ce que le paysage m’inspirait et de ce que l’Univers tentait de me faire comprendre. Parfois ça n’avait que très peu de sens, mais la plupart du temps, ces idées étaient relativement bonnes et très ingénieuse. Cela pouvait tourner autours de la confection des personnages, d'items qui pouvaient être en leur possession, des menus déroulants sur le site Internet, ou même des méthodes d'achats.

La partie réflexion était toujours ma préférée, mais lorsque je rentrais à ma roulotte, je m’empressais d’allumer mon ordinateur et de travailler sur ces nouvelles choses que j’avais imaginées.

Kevin m’encourageait aussi, et ne cessait de me répéter que si ça marchait un jour pour moi, je devrais le contacter car selon ses dires c’est un bon travailleur. Il est vrai, mais je ne pense pas que j'aurais pu le supporter plus de deux jours au sein de mon entreprise. Il aurait toujours eu un truc à redire ou bien il aurait trouvé le moyen de renverser de la beuh dans les boîtes à chaussures.

Chapitre 9 : Kevin

Parlons enfin de Kevin, cet italien de 26 ans, qui revenait tout juste d’Australie, le continent des crazy backpackers, l’El Dorado de la MDMA et des salaires à 1500$/week.

Mon nouveau colocataire était assez particulier. Il avait un caractère bien trempé mais comparable à celles des français aux volants.

Pour son jeune âge, il donnait l'impression d'avoir vécu des choses assez douloureuses, et ne parlait pas beaucoup de sa vie alors que l'on passait nos journées ensemble. Et puis en toute honnêteté, je m’en tapais une couille d’en savoir davantage sur lui. J’étais simplement là pour Kaizer et en savoir plus sur les secrets de mon âme.

À mes yeux, Kevin était le personnage le plus fou que j'avais rencontré à l'époque. Il avait un tatouage d’une veuve noire (selon moi, c’est ça qui attirait les insectes dans la roulotte) alors qu'il avait une peur bleu des petites bêtes qui pouvaient rentrer dans notre habitacle.

Tous les jours, il me répétait avoir aperçu des monstres volants autour de la maison.

Par exemple, un soir, il me dit avoir la certitude d'avoir vu une tarentule plus grosse que la taille de sa main, ainsi que des, je cite, “des insectes volants dévoreur d’humains”. Sûr de lui, il me montra par la suite un article de chauve-souris dîtes tueuse d’humains. Moi, je ne voyais que des lapins.

Kevin pensait que les Illuminatis géraient la météo (ce n'est pas le seul, j'en ai croisé ÉNORMÉMENT durant mon voyage avec ces même croyances). Il ne croyait quand même pas à ce que la Terre soit plate, mais laissez lui le temps de trouver une vidéo YouTube prouvant le contraire, et 20 minutes plus tard, cela deviendra le sujet le plus intéressant de sa semaine.

Parfois, je ressentais un certains second degré de sa part dans les hypothèses les plus folles qu'il énonçait, mais bien souvent, sa prestation était telle que j'hésitais avec le fait que ce soit l'humain le plus stupide que je n'avais jamais rencontré.

Un jour, il a eu une idée faramineuse d’aller à pied au pic du Nord de l’île du Nord, avec simplement un sac de couchage et une poêle.

Pour réussir à entraîner son mental durant ce périple, il me demanda, de la manière la plus innocente possible, si c’était une bonne chose de s'entraîner à monter et descendre la route, qui était extrêmement pentu) avec son sac sur le dos de 20kg sur le dos.

C'était tout naturellement que je lui disais que c’était vraiment une idée de merde et qu'il allait simplement se casser le dos avant de partir, pour un voyage qui avait déjà l’air bien assez éprouvant comme ça.

Je crois que sa forte addiction à la fume n’arrangeait rien. La première chose qu’il faisait en se levant le matin était d’aller chier pendant 25 minutes, tout en fumant un joint. Il ne pouvait pas chier sans fumer de joints. Littéralement, il n'y arrivait pas. Il me disait que ça lui permettait de détendre suffisamment son anus pour ne pas avoir à pousser.

Il ne partageait jamais avec moi, et m'avait bien prévenu que si j'avais l'idée de lui voler de la beuh, il n'hésitera pas à me péter la gueule. Je le crû sur parole, malgré le fait qu'il soit aussi petit que moi, il était assez robuste et terriblement sanguin.

Parfois, lorsque je lisais le bouquin que mon oncle m'avait offert, “L’Homme qui voulait être heureux”, il se moquait de moi disant qu'il ne comprend pas ce que l'on pouvait ressentir en lisant un livre. Je lui disais que c’était une bonne façon de s’évader, de travailler sa mémoire et surtout que chacun pouvait interpréter l’histoire et l’environnement à sa propre manière. C’est alors qu’il me rétorqua que tout le monde lui disait d'imaginer... d'imaginer ... mais imaginer quoi ? Il n'en n'avait aucune idée.

Tout faisait sens quand il m’a dit qu’il avait arrêté l’école en 3ème. Force à tous ceux qui n'ont pas fait beaucoup d'études, mais c'était tout juste si Kévin savait lire.

Malgré tout, il avait une place importante dans ma vie en Nouvelle-Zélande. Je remerciais ma bonne étoile de l’avoir mis sur mon chemin, car il a sûrement dû jouer un rôle dans ma construction personnelle et cette quête spirituelle que je menais. D'une certaine manière, cela m'a permis de m'endurcir, et surtout de continuer à croire en ce que j'étais.


Chapitre 10 : De l'autre côté

Nous étions mercredi et je ne travaillais plus de la semaine. Cela ne me dérangeait pas, car la semaine suivante j'avais été mis au courant qu'un mariage sera organisé à la winerie, ce qui me permettra de faire quelques heures de travail au restaurant, et de manger à l'œil par la même occasion.

Les réserves alimentaires diminuaient à vu d'œil, j'avais mal géré mes provisions contrairement à Kevin, et avais terminé mes derniers restes de viande il y a 2 jours. Ce qui voulait dire que je devais attendre au moins 4 jours de plus avant que l'on puisse m'amener à nouveau au supermarché de Kataia.

Pour faire passer la faim, je m'efforçais de fumer davantage. Cela me faisait oublier à quel point j'avais le ventre vide et me permettait de me concentrer sur Kaizer. Émilie ne revenait dans ma tête qu'au petit matin, c'est à dire lorsque j'étais sobre, alors il ne fallait pas traîner avant de rouler mon premier joint de la journée.

Depuis quelques temps, ma routine matinale était de m’attabler au même rituel : celui d’enlever la moisissure sur mes pains demi pour le petit-déjeuner. Cette roulotte, bien que très mignonne, laissait passer toute l’humidité de l’extérieur. Nous vivions donc dans une sorte de réserve naturelle pour les espèces ayant des goûts de luxe. Un havre de paix pour quiconque possèderait plus de 4 pattes.


Octobre 2019, Grey, comme à peu près une fois sur deux, est venu me chercher en retard. J'ai donc eu le droit à de belles remarques de la part de Bell, notre dirigeante, en arrivant au travail. J'ai en plus eu le droit à un remontement de bretelles quand j’ai demandé à ne travailler que 3h aujourd’hui car j’avais l’opportunité d’aller à Kataia avec Victor (dans sa superbe Audi), pour ouvrir ce fichu compte en banque qu'elle ne cessait de me demander chaque jours. Ayant enfin tous les papiers nécessaires (ce qui m'a le plus compliqué la tâche à l'époque, c'était de savoir ce qu'était mon numéro d'identification fiscal et où il se trouvait), j'allais enfin pouvoir toucher le salaire de mes premières semaines de travail, car toutes les entreprises de cette partie du monde paient en général à la semaine, ce qui est, à mon sens, bien meilleur pour gérer son budget et ne pas finir dans le rouge tous les mois.

Arrivé en ville, je fis 3 banques. Toutes me refusèrent car je n’avais pas de pris de rendez-vous au préalable. La 4ème fut la bonne, quand je lui ai expliqué ma situation et que Bell allait me taper dessus si je ne revenais pas avec un IBAN néo-zélandais.

Pour fêter ça, j’en ai profité pour acheter une canne à pêche. Ma toute première vraie canne à pêche. Un bijoux de technologie pour 80$. Je l’ai utilisé 2 fois. Une première fois lorsque je suis rentré. J'ai dû en faire probablement une vingtaine de minutes car il y avait beaucoup trop de vent. Sans surprise, je n’ai rien attrapé. Le premier problème principal était que je devais sûrement mal me positionner par rapport au vent (la ligne revenait vers moi au bout de 10 secondes), et secondo, que je ne savais pas correctement installer les appâts. Soit je mettais trop de vers sur l'hameçon et le tout tombait dans l'océan (les poissons qui passaient par là ont dû se régaler) soit ils n'étaient pas assez enfoncés et le résultat était le même.

J'ai retenté l'expérience une seconde fois pendant près de 2 heures, où j’ai passé la plupart de mon temps à fumer plutôt qu’à surveiller si j’avais attrapé quelque chose. Les petits calamars que j'avais acheté étaient beaucoup trop gros pour ce que je comptais attraper avec mon petit hameçon et mes vers étaient rapidement devenus des mouches. Si on doit résumer cette expérience : un échec.


J’ai ensuite cuisiné, et j’y prenais de plus en plus goût. Même si mes plats se ressemblait à peu près tous (globalement, seul la viande que j'y mettais variais), mais au moins il y avait des légumes, découpés, cuit, et le tout dans de l’huile d’olive !

Ça peut vous paraître normal, pour moi à 21 ans, ce fût un exploit. À mon sens, ce qui était mis poêle devait être cuit, un point c'est tout. Qu'importe la préparation. Je mangeais pour survivre et je me foutais de savoir si ça aurait pu être meilleur avec des épices ou autres. Mes préparations commençaient petit à petit à varier de mes pâtes jambon blanc.

Ce qui m'a mis la puce à l'oreille concernant la préparation de la poêle chaude, c'était le visage de Rajh et Kevin quand je leur ai dit que je ne mettais rien dedans.

Pas d’huile d’olive ? Du beurre alors ? Non.

Ils ont donc fait une généralité que les français cuisinaient vraiment de manière bizarre, alors que je ne savaient pas que l'on pouvait rajouter des ingrédients, AVANT l'aliment principal, pour un meilleur goût. Comme quoi, on en apprend tous les jours avec un coloc italien.


Le lendemain, après avoir travaillé 3 petites heures, nous sommes allé toper chez Mana avec Kevin. Toper, pour ceux qui auraient une vie parfaite loin de toutes tentation des diables, ça veut dire se fournir en fumette. Maintenant que vous le savez, votre vie ne sera que déprave, misère et lamentation. Bravo, vous êtes maintenant. Bravo, vous faites maintenant parti du clan des troubadours.

Et je pense que malgré nos affinités avec Mana, on s'est légèrement fait entuber, car pour 7g commandé par Kevin et 1g pour moi, nous lui avons donné la modique somme de 210$, ce qui fait 26$/g, environs 14€.

Visiblement, l'amitié touristes/locaux s'arrête lorsqu'il s'agit de se faire de l'argent sur notre dos.

Étant notre seul contact, nous n'avions pas d'autres choix que d'accepter son marché, et étant donné qu'il avait déjà fait l'avance au gang, nous n'avions pas vraiment envie que la situation se retourne contre nous.

Mana s’est donc fait un bon billet sur notre gueule, mais au moins je pouvais aller fumer tranquillement, tout seul, et dans une grotte pour me protéger du vent.

J’étais bien, allongé dans le sable, jogging et veste Adidas, pas très loin de moi se trouvait mon enceinte passant l'album de Mac Miller - Swimming et Skinshape en fond pour me détendre. J'admirait l’eau s’agiter à une quinzaine de mètres devant moi, pendant que j'étais à l'abris des regards et du vent qui se levait d'un coup.

Si je devais résumer mon expérience de temps libre en NZ, ce serait de cette manière. Moi, fumant un joint tout seul dans un lieu insolite, pensant à tout et rien en même temps (ce qui veut dire Kaizer et Émilie), parfois tenant quelques petits déhanchés, sans interruption dans ces longues conversations entre l’Univers et moi. C'était ça ma définition du Bonheur.


17 Octobre 2019, Grey arrive en retard pour m'amener au travail, car il devait nourrir ses animaux. Hier, il m’avait carrément oublié. Apparemment, il devait absolument réparer l’électricité qu'avait provoqué la tempête, car tous les lodges étaient dans le noir complet. Ce qui n'était pas très important car de toutes manières, ils étaient tous vide.

Ce jour-là, je fis ma première expérience en restauration de ma vie. C'est-à-dire que j'ai lavé tous types d'assiettes pendant 5h d'affilé. De 10h à 15h, je suis resté debout, à frotter des couverts, en m’éclaboussant le visage de manière constante, avec un méga-jet(zher) venant d’un robinet malléable qui faisait "boing" quand on le tirait. C’était marrant car la situation en elle-même l’était, seul me battant contre la puissance d'un robinet. Malheureusement, une fois ce dernier maitrisé, il n’y avait plus rien de stimulant.

Lorsque le chef me demanda si je voulais travailler le weekend, je déclinais sa proposition avec respect, car je préférais largement fumer des joints dans des cavernes en dansant sur du Mac Miller.

C’est ce que je fis juste après 15h, sauf que cette fois-ci, je ne rejoignis pas de suite mon spot favori. Comme je vous l'avais dit plus tôt, depuis le restaurant on apercevait un paysage qui mêlait plage, montagne, océan, jungle et vignobles (Kamoulox). Je n'étais jamais parti m'y aventurait, et il était grand temps après un peu plus de 2 semaines à m'y être installé, de faire connaissance avec la plage privée du Ressort et ce fameux Mont que je voyais partout depuis les terres de Carrington.

Cette escapade était exténuante, je pèse mes mots, et aura duré 6 heures.

Premièrement, je mis au moins 1 heure et demi pour atteindre la plage. Le joint que j'avais fumé à la débauche m'avait fait faire des détours inutiles mais qui était obligatoire pour prendre des photos macro de petites fleurs moches alors que je savais pertinemment que plus jamais je me servirais de ces photos. Mais lorsque j'étais dans cet état, tout m'inspirait pour Kaizer. Même une petite fleur insignifiante pouvait être modélisé en 3D pour en faire une épée végétale (déblocable uniquement si l'on achetait une paire de chaussure verte/jaune).

Je commença par m’enfoncer dans dans la forêt via de petits chemins dont l'accès était interdits. Ce qui déboucha sur un terrain sableux mi végétations terrestres, mi végétations aquatique (suivez moi pour un maximum de clarté biologique) ce qui rendait à finalement marcher dans une flaque d'eau à chaque pas.

C'était vraiment pas partie préféré de la marche, mais qui me permettait d'accéder finalement à la “vraie” plage avec le sable doux que je voyais depuis le restaurant.

2h30 plus tard, je pensais enfin atteindre ce que je croyais être le sommet. En réalité, il y avait un petit chemin qui y menait, mais je ne l'ai point vu, ce qui est quand même assez con quand on marche 2 heures et demi, mais bon.

Sur la route, j’étais seul avec d’un côté la forêt, de l’autre l’océan, à gauche le mont maorie et à droite les dunes de sable. C’était mon paradis. Tout était tellement mélangé, que ça en paraissait surfait. Océan, montagne, désert, plaine, forêt, je ne sais pas ce qui aurait pu être ajouté. Tellement que tous les biomes étaient présent, que ça ne collait pas ensemble. Ça paraissait irréel.

Quelques oiseaux m'accompagnaient longeant la plage. Des kiwis survivalistes je supposais. Lorsque je m'approchais, ils reculaient, et quand je m’en allais, ils me suivaient. Complètement stupides. Ça ne m'étonne pas qu'ils soient en voie d'extinction.

Satisfait et bien fatigué de cette première montée, je décida de rentrer à la maison, qui me paraissait bien loin. J’ai donc eu la bonne idée de couper en plein milieu d’un champ. J’ai bien vite compris que c’était une mauvaise idée quand j’atteignais une petite montée et que je me suis retrouvé nez à nez avec une multitude de vaches et de taureaux, se demandant sûrement pourquoi un boug venait d'apparaître dans leurs herbes sauvages. Certaines ont pris peur (moi aussi) et d’autres, qui ont voulu protéger le troupeau, se sont mises à me courser.

S’il y avait une personne du World Record Guinness, j’aurais sûrement gagné le prix de La Course à travers Champ, qui était uniquement dans un objectif de survie afin d'éviter de se faire piétiner par un troupeau de vaches. Un grillage avec un barbelé au bout du champs ? Aucun problème, je l’ai sauté comme si c'était une haie en EPS, puis j'ai fais un roulé boulé tel un acteur d'un film d’action Hollywoodien. Ou plutôt Bollywoodien, avec les vaches. Ma montée d'adrénaline était telle que même pendant le passage du gang chez Mana, je n'ai pas eu peur comme ça.

Au final, ce raccourci ne m'avait absolument pas fait gagner de temps, bien au contraire, il m'en avait fait perdre (car j’avais fais une diagonale du chemin inverse pour rester en vie), et avait failli me coûter 2-3 côtes au passage.

Pendant les 2 heures de marches restantes à longer ce champs, j’entendais le bruit des vaches qui étaient toujours en panique.

Le soir, à quelques mètres avant mon arrivée au camping, je vis une étoile filante passer dans le ciel.

Merci les vaches.

Le lundi 21 Octobre 2019, mon travail journalier fût d'être jardinier avec T. Ce jour là, il m’expliqua comment, il y a de ça quelques années, il s’était fait défoncer par un russe dans un bar à Auckland. Il avait littéralement dit : “He Fucked Me Up !”

C'est qu'il devait vraiment s'être fait défoncé la gueule.

Après le taff, je suis allé m'essayer à de l'escalade sauvage, sur un grand rocher qui avait tout d'une verticalité démesuré (un mur finalement).

Il faisait entre 5 et 6 mètres de haut et je pense avoir eu la plus grande peur de ma vie.

Les premiers mètres étaient assez simples et prévisibles. Au début de l'escalade, je touchais le sol. Mes prises étaient évidentes, logiques et suffisamment stables pour retenir mon poids.

Puis, plus je grimpais, au bout de 2-3 mètres de hauteur, plus je sentais la roche s’effriter sous ma main. Ce mur à la couleur foncée, qui n'avait sûrement pas dû être grimpé depuis des années, tombait petit à petit en lambeau sous le poids plume que j'étais. Malheureusement, j’étais déjà bien trop haut pour pouvoir redescendre. En bas se trouvait des rochers des plus saillants dont les vagues venaient se fracasser contre ces derniers. Ce n'est que trop tard que me rendis compte de mon erreur. Tomber à ce moment là pouvait être terrible et avoir des conséquences dramatiques. Au mieux, si je ne tombais pas la tête la première sur la partie rocailleuse qui m'aurait perforé le crâne, ce serait un tibia brisé, une cheville cassé ou bien une tétraplégie qui m'attendait.

Le verdict est indéniable : si je tombe, mon voyage (ou ma vie) s'arrête net, sur le champ, et un retour en arrière semblait impossible. Chacune de mes actions peuvent avoir des conséquences grave pour le reste de mon aventure.

Alors, je reste là, essayant de retrouver mon souffle. Immobile. Tétanisé. Sentant la matière se déliter sous mes doigts. Un idiot bête qui se rend compte que cette simple activité de mec fonsdé allait peut être lui coûter la vie. Et puis quelle mort de gros naze.

Au bout d'une bonne minute de réflexion, je me rends à l'évidence. Je n'ai pas le choix que d'aller plus haut pour trouver une meilleure prise et suivre un meilleur chemin afin de redescendre en sécurité. Je m'efforçais de ne pas penser au fait que plus je grimpais, plus la chute pouvait être importante et que je creusais davantage mon tombeau. Mais ne rien faire, c'était m'abandonner lâchement alors grimper était le risque à payer plutôt que de ne pas avoir essayé de m'en sortir indemne.

Dans un effort de concentration, de calme le plus total et de patience, je finis par réussir à atteindre le pic de ce rocher. Je criais de joie pour relâcher la pression qui me traversait de mes avants bras jusqu'à mes orteils. Je l'avais fait. Je me suis sauvé la vie.

C'était inespéré et complètement inconscient de ma part.

Tout en haut, je me retrouva seul face à l'océan, et je dois dire que je ne me suis jamais senti aussi vivant. Après avoir frôlé l'accident le plus grave de ma vie, je remerciais les étoiles d'être encore ici, et en un seul morceau.


Le lendemain, dans la continuité des émotions et de la réflexion qui ont suivi cette épreuve, allez savoir pourquoi, j'ai envoyé un "Je t'aime" à Émilie. Et c'est seulement grâce à ce message envoyé que je me rendu compte que ma relation avec elle était définitivement terminé. Désormais, ce n'était plus réciproque, elle me l'a confirmé et souhaitait une vraie fin. Qu'on arrête de se parler pour un moment. Qu'elle se devait de vivre sa relation sans avoir à penser à son passé. À vivre une nostalgie dépassé. Ça a été un vrai coup dur pour moi. Les souvenirs de mon ancienne vie me ramenaient constamment à elle et il n'y avait pas un moment où je ne rêvais pas de partager ce voyage avec elle. Le silence des arbres dans lesquels je fumais me rappelaient à quel point je me sentais seul. Les oiseaux voguant dans le ciel bleuté et ces couchés de soleil ne désiraient que d'être regardé à deux, main dans la main, scellant un amour éternel.

Dans la solitude je me retrouvais, dans mes écrits je me livrais et dans la fume je me perdais. Voilà ce qu'était devenu le quotidien de ce jeune parti à l'autre bout du monde pour y vivre son rêve.

La chose qui me faisait tenir, c’était l'idée de travailler sur Kaizer.

Je veux que ce projet ai la notoriété qu’il mérite, et que je puisse être libre, tout en continuant d’être heureux. J'en suis persuadé, c'est ce projet qui changera les mentalités. Rendre un monde plus juste, plus bienveillant, plus chaleureux. Que ceux qui se sentent seuls puissent avoir une vraie connexion avec des gens de cette communauté. Unir. Il faut être uni. Je dois le faire non pas pour moi, mais pour eux. Que je puisse rendre ce que l'on m'a donné. Que ceux qui n'ont pas eu la même chance que moi puissent y parvenir grâce à mon expérience. Il le faut à tout prix.

Mais même ça, je me rendais bien compte que la route était longue et sinueuse. Seul, il m'était impossible de réaliser ne serait-ce qu'un pourcent de ce que j'avais en tête. Il me manquait tellement de chose pour pouvoir y parvenir qu'il m'aurait fallu toute une vie pour y arriver. Et la concurrence n'allait pas m'attendre pour avoir les idées aussi prometteuses que j'avais enfoui dans mes blocs notes. En réalité, le plus gros concurrent semblait déjà avoir les même inspirations que moi. Ils était bien présent sur les réseaux sociaux et avait un peu moins de 80k followers sur Instagram à l'époque.

RTFKT qu'ils s'appelaient. En équipe de 3, ClegX (Chris) l'américain, était en charge de la partie design et était accompagné du londonnien Zaptio, qui lui s'occupait de la vision artistique ainsi que de la production. Puis, pour la partie partenariat, nous avions Benito, notre frenchie qui s'occupait de chercher différentes marques qui pouvaient être intéressés par le fait d'apposer leurs pattes artistiques sur leurs produits.

Ils s'amusaient à publier des croquis de sneakers habillés en personnages Pop Culture. Je voyais donc des Jordan 1 avec des imprimés de Végéta, de l'univers DBZ, donner vie à une paire des plus iconiques de Nike. C'était osé, ça matchait super bien avec le produit, et surtout leurs dessins étaient de superbe qualité.

Je me rattachais à mon optimisme éternel me disant que me diversifier était une chose facile, qu'ils n'auraient pas mes idées, mais je voyais bien que quelque chose de gros était en train de se passer sous mes yeux.

Visiblement, il suffisait d'écrire dans mon bouquin magique la faim que j'étais en train de traverser, pour que Victor m’apporta, à l'improviste, une bonne poche de porc, un radiateur (cela tombait à pic car les nuits étaient toujours très fraîches et que le notre nous avait lâché 2 jours plus tôt), des gâteaux et des protéines pour Kevin qui disait vouloir grossir. Un ange tombé du ciel comme je l'appelle, qui sans le lui demander, me ramena tout ce dont j’avais besoin. J’étais aux anges.

Depuis quelques temps, j'échangeais par message avec mon amie Lou sur mon mal-être et la désillusion que j'étais en train de vivre ici. Elle seule pouvait comprendre ce que je vivais, car elle même était parti se chercher à l'autre bout du monde en Argentine. Plus précisément à Buenos Aires, sur les traces de son père qu'elle n'avait jamais vu. Elle était déjà parti depuis quelques mois et avait réussi son aventure puisqu'elle avait pris un café avec lui. Apparemment c'était sympa, mais ça en plus quoi. Je me demandais ce que ça pouvait faire que de rencontrer un être cher pour la première fois de sa vie après la vingtaine passé. Je m'imagine les émotions lorsqu'elle a dû rencontrer pour la première fois une des deux personne qui l'a mis au monde. Ça doit être particulier comme sensation quand même.

Quoi qu'il en soit, elle me conseilla vivement de venir la rejoindre. Que peut-être venir se réchauffer le derrière auprès des brésiliennes et argentines qui dansent la salsa, ça pouvait être une bonne thérapie. Et en effet, je pense que ce dont j'avais le plus besoin, c'était de faire la fête et de rencontrer des personnes du sexe opposé, à savoir de jolies filles. Grand respect aux maories, mais vous auriez pu m'écraser si une partie de jambe en l'air se présentait. Qui plus est, changer de pays avec une température ambiante, qui ne nécessitait pas de mettre un pull à capuche, ne pouvait qu'être agréable.

Mon expérience en Nouvelle-Zélande devenait de plus en plus pénible et je ne pouvais m'éviter de penser à Émilie. Tout me ramenait à elle, et les distractions, autres que les libellules et les kiwis, étaient trop futiles pour occuper un esprit qui idéalisait une nostalgie amoureuse. Mon entourage sur Kéri-Kéri ne me permettait pas d'aller mieux et je vivais le contrecoup du voyage en solitaire. Les meilleurs moments que je passais étaient ceux que je vivais seul, sur la plage, à rester dans ma tête et ma musique sur une enceinte pas très loin. Ce qui est une bonne chose d'être indépendant, mais qui vite être nocif lorsque cela devient le quotidien. Mon corps était coincé en Nouvelle-Zélande, mais l’esprit était resté à Bordeaux. Je remis tous mes choix en question. Comment faire Kaizer. Comment retrouver Émilie après mon voyage. M'imaginer avec elle en voyage. Je ne partageais plus les instants qu'avec moi-même. Je les rêvais. 

Si seulement quelqu'un pouvait comprendre ce que j'étais en train de vivre. Ce qui me tracassait à longueur de journée. Qui pouvait comprendre que cette solitude pouvait être effacé avec un peu d'amour. 

Je dois rencontrer de nouvelles personnes.

C'est donc décidé : je vais rejoindre Lou en Argentine. Le compteur est lancé, et dans très exactement 12 jours je serais à l'autre bout du monde, sur un nouveau continent, pour voir si j'y suis. Qui je suis.

Fini de penser à Émilie. Fini les chèvres. Fini de fumer dans des arbres perchés sur l'océan en écoutant l'album Swimming de Mac Miller; et ça, je dois l'admettre, ça va quelques peu me manquer.

Site encore en cours de construction ...

Ajoute moi sur les réseaux pour être au courant de sa finalisation et de la suite de BLUE ...

chapitre 11 :

partir pour mieux se retrouver

Les jours passèrent comme avant mon départ en Nouvelle-Zélande. Je n'étais pas encore parti que je n'étais déjà plus là.